Le moral des Français au plus bas en avril, craintes pour la consommation

 
 

[29/04/2008 09:47:06] PARIS (AFP) Miné par l’inflation, le moral des ménages français a encore baissé en avril à un nouveau plus bas historique, ce qui ravive des craintes pour la consommation, traditionnel moteur de la croissance.

L’indicateur résumé qui le mesure s’est établi à -37 contre -36 en mars en données corrigées des variations saisonnières, soit la dixième baisse consécutive, a annoncé mardi l’Insee.

“Cela fait désormais onze mois que l’indicateur n’a pas connu la moindre augmentation”, rappelle Alexander Law, chez Xerfi, y décelant de “vives inquiétudes face au trou d’air que doit aujourd’hui affronter l’économie française”.

L’enquête de l’Insee révèle certes une légère amélioration de l’opinion des ménages sur l’évolution passée du niveau de vie en France (de -71 en mars à -69 en avril) et de leur situation personnelle passée (-30 à -29).

De même, l’opinion des Français sur les perspectives d’évolution du chômage s’améliore assez nettement en avril, relève l’Insee.

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Evolution de l’inflation en France sur un an à la fin mars 2008

“Les ménages perçoivent donc dans leur vie quotidienne le recul du chômage”, note Nicolas Bouzou, d’Asterès. “Malheureusement, les inquiétudes sur l’inflation ont pris le relais des inquiétudes sur l’emploi”.

Selon l’Insee, si les ménages sont un peu moins nombreux qu’en mars à estimer que les hausses de prix ont été fortes sur le passé, leurs anticipations d’inflation sont en revanche supérieures à celles du moisprécédent.

“Les ménages semblent attendre pour voir si l’inflation pourrait avoir dépassé son pic de 3,2% en mars”, estime Mathieu Kaiser, chez BNP Paribas.

Selon l’économiste, elle ne “refluera pas significativement avant le dernier trimestre au mieux, si les prix des matières premières finissent par se modérer”.

Ce niveau de confiance des ménages, “très faible”, selon Nicolas Bouzou, “affecte les anticipations d’achat, et donc la consommation”.

“Les ménages continuent de craindre pour la situation économique en général et pour leurs finances personnelles (perspectives au plus bas depuis décembre 1995), ce qui est bien compréhensible avec l’addition actuelle des crises”, analyse Mathieu Kaiser.

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Chantier de construction d’un complexe immobilier, le 19 septembre 2006 à Issy-les-Moulineaux (Photo : Joel Saget)

“Les intentions d’achat sont d’ailleurs demeurées au plus bas depuis mai 1997, signe tangible que la prudence prévaut, et que la consommation de biens durables devrait continuer de décélérer au cours des prochains mois”, ajoute-t-il.

Après un rebond en février, la consommation des ménages français a de nouveau décroché en mars, reculant de 1,7%.

Autre sujet d’inquiétude: le ralentissement du marché immobilier. Les mises en chantier de logements en France ont baissé de 9,9% entre janvier et mars, à 92.110 unités, alors que les permis de construire ont chuté de 15,5%, à 120.528 unités, a annoncé mardi le ministère de l’Ecologie.

“Désabusés par la hausse des prix, inquiets sur la santé de l’immobilier et soucieux de l’évolution de leur situation financière, les ménages mettront le frein à main sur les dépenses cette année”, pronostique Alexander Law.

Selon l’économiste, “il est désormais clair que le problème numéro 1 de l’économie française en 2008 sera la demande des ménages”.

 29/04/2008 09:47:06 – © 2008 AFP