[29/04/2008 15:12:39] LONDRES (AFP) Les deux grandes compagnies pétrolières britanniques Royal Dutch Shell et BP, numéros un et deux en Europe, ont annoncé mardi des résultats trimestriels dépassant les prévisions, malgré une production stable, suscitant des critiques sur leur ampleur. Une fois n’est pas coutume, les deux géantes ont publié leurs résultats le même jour, avec des caractéristiques similaires : des bénéfices nets (part du groupe) en progression de 25% pour Shell à 9,083 milliards de dollars, et de 63,4% pour BP à 7,619 milliards de dollars, enfonçant les prévisions d’analystes, mais des productions quasi-inchangées. Celle de Shell a progressé de 0,4% à 3,522 millions de barils par jour et celle de BP a été stable à 3,913 millions de barils par jour. Shell a justifié cette stagnation par les attaques de rebelles dans le delta du Niger, au Nigeria, tandis que BP a indiqué que sa production ne pourrait pas progresser cette année avec un baril à plus de 100 dollars, car les prix élevés diminuent le volume de pétrole et de gaz attribués aux compagnies dans le cadre des contrats de partage de production. Ces bons résultats ont été salués par les commentateurs du secteur, qui y voient la réussite des stratégies engagées par les deux groupes. Shell vient de se lancer dans un programme d’investissements géant, et ses résultats ont été qualifiés “d’excellents” par le courtier Cazenove, tandis que la maison de courtage Hargreaves Lansdown a qualifié ceux de BP “d’exceptionnels”, estimant qu’ils montraient peut-être que “les défis (qui pesaient sur le groupe) avaient été remportés”. Après avoir affronté divers problèmes aux Etats-Unis depuis 2005 dont une explosion dans une raffinerie faisant 15 morts, et le départ précipité de son ancien patron John Browne en mai dernier, le groupe s’est en effet relancé cette année sous la houlette de son nouveau directeur général Tony Hayward. Mais dans les rues britanniques mardi, la bonne fortune des pétrolières était loin de faire l’unanimité, au moment où les ménages se plaignent de la hausse persistante de leurs factures de gaz et d’électricité, et où une grève sur les salaires dans une raffinerie écossaise a précipité tout le week-end les automobilistes dans les stations-services, contribuant à pousser le baril à un nouveau record à près de 120 dollars à New York lundi. Tandis que la presse populaire s’offusquait du bénéfice horaire de Shell et BP (respectivement 4,1 et 3,5 millions de dollars au premier trimestre), Graham Tran, représentant du syndicat Unite, a qualifié ces bénéfices de “gifle pour les 180 employés de Shell qui se sont entendus dire il y a moins d’une semaine qu’ils étaient licenciés”. Le président de l’Automobile Association Edmund King a estimé que les conducteurs étaient “meurtris de tous côtés” entre “les compagnies pétrolières qui se mettent de l’argent plein les poches et le ministère des Finances qui remplit ses coffres”. AA a noté aussi que quelques garagistes ne s’étaient pas privés au passage, notant une pompe où le diesel, carburant le plus cher au Royaume-Uni, avait atteint 129,9 pence le litre (1,65 euro). Le Premier ministre Gordon Brown a espéré qu’une part des bénéfices de BP et Shell serait réinvestie dans la recherche pétrolière en Mer du Nord. Il a également assuré que le gouvernement comptait prendre des mesures pour contenir l’envolée des factures d’électricité pour les retraités et les ménages à bas revenus. Le ministre en charge de l’Industrie John Hutton a tempéré les critiques en remarquant que les actionnaires des pétrolières étaient notamment les fonds de pension qui s’occupent de faire fructifier la retraite de tout un chacun. |
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