Etats-Unis : la croissance se maintient de justesse au 1er trimestre

 
 
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Evolution du PIB en rythme annuel au 1er trimestre 2008

[30/04/2008 17:09:15] WASHINGTON (AFP) La croissance américaine s’est maintenue de justesse au premier trimestre, ce qui devrait rassurer la Réserve fédérale (Fed) à quelques heures d’une décision sur ses taux, même si la morosité des consommateurs et des entreprises rend toujours d’actualité les craintes de récession.

Le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 0,6% (en rythme annuel) au premier trimestre, comme au trimestre précédent, ce qui est un peu mieux que le consensus de 0,5% attendu par les analystes.

Ce rapport sera examiné à la loupe par la Banque centrale américaine qui doit trancher dans la journée sur le niveau de son taux directeur, actuellement fixé à 2,25%. Un communiqué est attendu vers 18H15 GMT.

Après la publication, les analystes se sont dits confortés dans leur prévision d’une baisse d’un quart de point, suivie ensuite par une pause.

“Le rapport va dans le sens d’une économie plutôt atone, mais pas en chute libre”, a estimé Scott Brown, de Raymond James & Associates.

“Nous allons avoir une nouvelle baisse d’un quart de point et plus rien avant un bon moment”, a-t-il ajouté.

Ces chiffres étaient très attendus par les économistes, qui sont en majorité convaincus que les Etats-Unis sont déjà entrés en récession.

La définition la plus courante de la récession est la succession de deux trimestres de croissance négatifs. Cependant le bureau chargé de leur datation aux Etats-Unis a une définition plus nuancées prenant en compte un faisceau complexe de facteurs.

“Ce qui compte n’est pas de savoir si techniquement nous avons une récession ou non, étant donné que la plupart des gens, des entreprises et des responsables pensent que nous sommes en récession. Ils dépensent en conséquence et ce n’est pas ce rapport qui va changer leur comportement”, a souligné l’économiste indépendant Joel Naroff.

En effet, ce qui a permis de sauver la croissance au premier trimestre a été avant tout la forte reconstitution des stocks, qui a contribué pour 0,81 point à la hausse du PIB. Sans la production stockée, la croissance serait tombée dans le rouge à -0,2%.

“La mauvaise nouvelle dans le rapport d’aujourdhui est que les composantes (de la croissance, ndlr) les plus sensibles à l’aggravation du cycle économique ont toutes baissé”, a affirmé Nigel Gault, du cabinet Global Insight.

La consommation des ménages, traditionnel moteur de la croissance, a fortement ralenti (+1%), pour atteindre son niveau le plus bas depuis le deuxième trimestre 2001.

L’investissement résidentiel a accéléré sa chute (-26,7%), retirant l’équivalent de 1,23 point à la croissance. Du côté des entreprises, l’investissement est aussi devenu négatif (-2,5%).

Et la balance commerciale n’a pas réussi à doper la croissance en dépit du dollar faible, puisqu’elle a contribué pour 0,22 point seulement à la hausse du PIB.

Pour M. Gault, “la croissance va être négative au deuxième trimestre”.

“L’inconnue dans l’équation vient des consommateurs. Tous les moteurs de la consommation sont en baisse – l’emploi, les salaires, les prix des logements, la distribution de crédits – mais le pouvoir d’achat va être temporairement dopé par les remises d’impôts”, ce qui devrait faire rebondir la croissance au troisième trimestre, ajoute-t-il.

Le grand danger est que l’économie cale à nouveau, une fois les remises d’impôts digérées. C’est pourquoi “la Fed doit laisser la porte ouverte pour pouvoir éventuellement agir à nouveau plus tard”, estime l’économiste de Global Insight.

Pour l’instant, la Fed se satisfera de la prudence, d’autant que l’inflation met du temps à rentrer dans le rang. Au premier trimestre, l’indice des prix lié aux dépenses de consommation (PCE), qui est le plus suivi par la Fed, est resté à un niveau élevé, à 3,5% contre 3,9% au trimestre précédent.

 30/04/2008 17:09:15 – © 2008 AFP