[02/05/2008 16:56:39] BRASILIA (AFP) Terreur des marchés lors de son arrivée au pouvoir, l’ancien syndicaliste Luiz Inacio Lula da Silva est devenu en cinq ans de présidence du Brésil l’enfant chéri des investisseurs internationaux. “Je ne sais pas prononcer l’expression ‘investment grade’ en anglais. Mais si nous voulions la traduire dans une langue que tout le monde comprenne, je pourrais dire que le Brésil est maintenant considéré comme un pays crédible”, s’est félicité mercredi le président Lula. Il s’exprimait après l’annonce de la décision de l’agence américaine d’évaluation financière Standard & Poor’s de relever la note du Brésil et de classer le géant sud-américain parmi les “pays sûrs” pour les investisseurs. La réaction de la Bourse de Sao Paulo ne s’est pas fait attendre non plus: elle a clôturé mercredi en hausse de plus de 6% et vendredi elle opérait de nouveau en forte progression. Grâce à ces performances, la bourse brésilienne est la place financière qui a affiché la meilleure performance cette année. L’image de Lula est aujourd’hui à l’opposé de celle qu’il avait à la veille de l’élection présidentielle de 2002. Favori dans les sondages, il provoquait l’hystérie des marchés qui redoutaient l’arrivée au pouvoir d’un ancien ouvrier métallurgiste dont le Parti des Travailleurs (PT-gauche) prônait la rupture avec le FMI et le non paiement de la dette extérieure. “En 2002, il y avait des raisons objectives aux craintes des investisseurs : une dette publique très élevée et des comptes extérieurs non consolidés. Mais ce qui leur faisait réellement peur, c’était l’incertitude face à la politique économique que Lula adopterait”, a déclaré à l’AFP Ricardo Ribeiro, analyste au cabinet conseil MCM. Avant même la victoire de Lula, le dollar avait atteint des sommets face au real brésilien, tandis que la bourse dégringolait pour clôturer 2002 en chute de 17%. Pour faire face aux turbulences et à la vague spéculative, le gouvernement sortant avait sollicité un prêt de 30 milliards de dollars au FMI, le plus important jamais concédé par l’organisme international. Un analyste financier avait même inventé le “Lulomètre” qui mesurait les craintes des marchés face à l’ascension de Lula dans les sondages. Mais l’ex-syndicaliste a vite cessé d’être l’épouvantail des marchés. Il a nommé l’ancien président mondial de la BankBoston, Henrique Meirelles, à la tête de la Banque centrale et a mis en place une politique d’ajustement budgétaire. Cette politique orthodoxe a réussi à juguler l’inflation et à équilibrer les comptes, donnant à l’économie brésilienne des bases solides, le tout dans une conjoncture extérieure très favorable. “Aujourd’hui, le marché financier adore le gouvernement de Lula”, a dit Ribeiro. “Le marché s’est rendu compte que Lula était un homme politique pragmatique et que ses intérêts étaient alignés sur ceux du marché. Il était le premier à vouloir la stabilité économique parce que cela était bon pour sa popularité”, a affirmé l’économiste de la maison de courtage Fator Doria, Vladimir Caramaschi. Dès 2003, la Bourse de Sao Paulo a enregistré une hausse de 97,3% et, en cinq ans, elle a progressé de près de 500%. Le real s’est apprécié de plus de 100% face au billet vert et les investissements sont passés de 10,1 mds de USD en 2003 à 36,6 mds USD en 2007. |
||
|