[03/05/2008 17:55:15] CAMBREMER (AFP) Les produits AOC devraient tirer leur épingle du jeu, face à une conjoncture internationale difficile qui pousse les consommateurs vers les produits les moins chers, grâce notamment à une meilleure répartition de l’aide européenne voulue par la France. C’est en tout cas ce qu’a laissé entendre samedi à Cambremer (Calvados) le ministre de l’Agriculture, Michel Barnier, qui participait à une table ronde sur l’avenir des AOC, à l’occasion du 14e festival des produits AOC (Appellations d’origine contrôlée) en Normandie. Michel Barnier a rappelé ses engagements pris dans le cadre du “bilan de santé” de la Politique agricole commune (PAC), prévu en novembre, alors que la France présidera l’Union européenne. Dans le cadre de cette réforme, la France souhaite “ajuster en les diminuant un certain nombre d’aides”, versées en particulier aux grandes cultures et “redistribuer cet argent vers les filières ou les territoires qui en ont besoin”, a expliqué le ministre, en faisant notamment allusion aux produits estampillées AOC. “Ce sera la première fois qu’on fera cette redistribution à l’intérieur du budget de la PAC”, a-t-il précisé. M. Barnier a plaidé en faveur d’une agriculture “qui reste ancrée dans les territoires”, se disant opposé à “une agriculture industrialisée”. “Je veux me battre pour une agriculture moderne, productive, pas productiviste, qui remplisse et relève le défi de la modernité, de la recherche et de l’innovation, mais qui reste ancrée dans les territoires”, a dit le ministre. “Je ne veux pas d’une alimentation aseptisée, neutralisée”, a-t-il martelé. “On se réjouit vraiment que le ministre ait pris position dans ce sens”, a indiqué à l’AFP Patrick Mercier, représentant les producteurs de lait des trois AOC fromagères normandes que sont le Camembert de Normandie, le Pont L’Evêque et le Livarot. “Actuellement, il est difficile d’intéresser les producteurs de lait en Normandie à la notion d’appelation d’origine puisque” cette notion “n’est pas reconnue de l’Europe”, a-t-il expliqué. “On demande au consommateur de compenser par le prix, quand il achète un produit AOC, un système qui n’est ni équilibré ni concurrentiel”, a-t-il poursuivi. Les producteurs de lait qui alimentent les vaches laitières avec du maïs fourrage, reçoivent actuellement une aide de 3 à 400 euros l’hectare, alors que ceux qui utilisent de l’herbe et du foin, et qui peuvent prétendre à une AOC, ne reçoivent rien. Après la réforme de la PAC, les 86 produits du terroir estampillés AOC pourraient ainsi se développer ou au moins résister à la pression des consommateurs confrontés à une flambée des prix alimentaires, due à une demande en constante augmentation des pays émergents. |
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