[05/05/2008 17:14:56] MADRID (AFP) La crise alimentaire et le changement climatique sont deux menaces majeures pour l’Asie, selon la Banque asiatique de développement, qui après avoir annoncé samedi à Madrid des aides d’urgence contre la première, a créé lundi un fonds pour lutter contre le second. Un milliard d’Asiatiques au pouvoir d’achat laminé par la hausse des prix sont menacés “de faim et de malnutrition”, a prévenu lundi le président de la BAD, Haruhiko Kuroda lors de la 41e assemblée annuelle des gouverneurs de banques centrales asiatiques. “La hausse des prix à une dimension humaine très brutale”, a-t-il déclaré. Samedi, la BAD avait donné le ton en annonçant qu’elle allait débloquer des aides d’urgences pour les pays les plus durement touchés par la crise alimentaire, et prévenant que cette dernière mettait en péril le développement de l’Asie, une région qui joue un rôle essentiel dans l’économie mondiale. La crise générée par l’envolée des prix des aliments “menace de miner l’effort global contre la pauvreté, de renforcer l’inflation, et réduit les marges budgétaires dans de nombreux pays, accroissant les risques d’une montée des taux d’intérêt et d’un ralentissement de la croissance économique asiatique”, selon un document de la BAD.
Les pays les plus exposés sont le Sri-Lanka, le Pakistan, l’Inde, le Bangladesh, le Vietnam, le Kazakhstan et le Tadjikistan. Les prix des denrées alimentaires ont presque doublé dans le monde en trois ans selon la Banque mondiale, provoquant des manifestations dans de nombreux pays et des restrictions des exportations de pays producteurs, dont le Brésil, le Vietnam, l’Inde et l’Egypte. Parmi les explications figurent le développement des bio-carburants, les barrières commerciales, une demande croissante venue d’Asie sur fond de modifications des habitudes alimentaires, la faiblesse des récoltes ainsi que les cours du pétrole, qui pèsent sur le prix des transports. Le changement climatique est lui “une menace fondamentale pour les objectifs de développement de l’Asie”, a souligné M. Kuroda. Selon la BAD, d’ici 2020, 1,2 milliard de personnes pourraient souffrir de restrictions d’eau potable. Les récoltes alimentaires en Asie centrale et du sud pourraient chuter de moitié d’ici 2050. “Nous allons augmenter substantiellement l’attention portée aux conséquences de la croissance sur l’environnement, y compris le changement climatique”, a promis M. Kuroda, en annonçant “la création d’un fonds contre le changement climatique, doté d’une contribution initiale d’au moins 40 millions de dollars”.
La BAD a également appelé les pays, les organisations de développement et le secteur privé à participer à ce fond, alors que les pays d’Asie en développement vont bientôt être les premiers émetteurs de gaz à effet de serre. “L’Asie est en position de faire vraiment la différence dans la course du changement climatique”, a estimé Fukushiro Nukaga, gouverneur de la Banque du Japon, relevant que ce continent était “le plus affecté par le changement climatique”. Le rôle de la BAD suscite des interrogations et des critiques de la part des Organisations non gouvernementales, qui lui reprochent de financer de polluantes centrales électriques pour alimenter la vigoureuse croissance de certains pays comme l’Inde. Comment peut-on concilier ces engagements “forts” et en même temps financer à hauteur de 450 millions de dollars la construction d’une centrale à charbon en Inde?, s’est interrogé Michael Simon, de l’ONG Oxfam Australie. Le forum des ONG présentes à la réunion de la BAD, a dénoncé “l’hypocrisie” de la banque qui “lance des appels aux énergies propres pour combattre le réchauffement climatique, et finance largement des méga-projets au charbon en Asie”. |
||||||
|