Tout donne à croire que la Tunisie et la France, fort des résultats positifs
enregistrés par la visite stratégique que vient d’effectuer le président
français Sarkozy en Tunisie, sont déterminées à consolider leur partenariat
qualifié, déjà, de part et d’autre de dense et de privilégié.
Retour sur les moments phares de cette visite.
Au plan stratégique, la Tunisie est digne d’intérêt universel. Le président
Sarkozy a mis en exergue la spécificité et le succès du modèle tunisien «en
un demi-siècle, dans le respect de ses croyances et de son identité, la
Tunisie, j’ose employer l’expression, est devenue le laboratoire d’une
civilisation, une civilisation arabo-musulmane qui démontre qu’on peut
respecter son identité et être ouvert, qui s’accorde avec le monde qui
l’entoure. Dans ce combat-là, je suis venu dire que la France sera aux côtés
de la Tunisie, parce que la France sera toujours dans le camp de l’ouverture
d’esprit, de la tolérance et de la raison, parce que ce qu’a entrepris la
Tunisie depuis un demi-siècle au sein du monde arabo-islamique, je vais vous
le dire, c’est essentiel pour l’humanité tout entière et pas seulement pour
vous», a déclaré à Tunis le chef de l’Etat français».
Au plan bilatéral, les présidents Ben Ali et Sarkozy, ont eu deux entretiens
au cours desquels les deux chefs d’Etat ont passé en revue les relations
amicales privilégiées établies de longue date entre les deux pays, le
processus de coopération fructueuse entre la Tunisie et la France et les
perspectives de promouvoir et de diversifier cette coopération ainsi que sur
les questions régionales et internationales d’actualité.
Tunis et Paris se sont déclarés, particulièrement, satisfaits du
renouvellement de l’accord-cadre du partenariat économique et financier qui
couvre la période 2008-2011. Décryptage : les nouveaux accords financiers
permettront à la France de contribuer au financement des grands projets du
XIe Plan de Développement dans les domaines de la recherche scientifique,
des nouvelles technologies, du transport, de la santé, de l’énergie et de la
coopération culturelle et technique.
Concrètement, l’objectif de ce nouvel accord est essentiellement d’accroître
la compétitivité de la Tunisie dans le contexte d’ouverture à la
concurrence, lié à l’entrée en vigueur de la zone de libre-échange avec
l’Union européenne, à travers un soutien, d’une part, au secteur privé et,
d’autre part, à l’État tunisien (financement d’infrastructures et
développement des capacités institutionnelles).
Le projet de création de l’Union pour la Méditerranée (UPM) a occupé une
place centrale dans ces entretiens. Les deux présidents ont exprimé leur
satisfaction de l’adoption par le conseil de l’Union Européenne de ce
projet, ce qui est de nature à placer la Méditerranée au cœur des
préoccupations européennes.
Devant les hommes d’affaires, le président Sarkozy a tenu à rappeler que la
France est le premier partenaire économique de la Tunisie avec un volume
d’échanges de 7 milliards d’euros en 2007 (1 euro = 1,8 dinar), relevant que
“c’est une place enviée, nous sommes prêts à nous battre pour la conserver
et conforter”. Il a ajouté que 40% des échanges de la Tunisie se font avec
la France qui est le premier client, premier fournisseur et premier
investisseur du pays, hors énergie et privatisations. Une entreprise
française est créée tous les cinq jours en Tunisie.
Au rayon du business, le transporteur public Tunisair a commandé auprès
d’Airbus seize avions et a pris option pour trois appareils supplémentaires.
La commande ferme porte sur treize appareils A-320 et trois longs courriers
A-350. Tunisair a pris option pour trois autres avions dont deux
monocouloirs A-320 et un long courrier A-350. Le montant de la commande est
estimé au “prix catalogue” à un milliard d’euros.
Le groupe français Alstom a présenté la meilleure offre pour augmenter la
capacité d’une ancienne centrale électrique à Ghannouch (région de Gabès au
sud de Tunisie) de 50 à 400 mégawatts. Alstom était en lice avec trois
autres multinationales : ANSALDO (Italie), SIEMENS (Allemagne) et GENERAL
Electric (Etats-Unis). Le coût de cette centrale thermique à cycle combiné
s’élève à 360 millions d’euros.
Une nouveauté dans le domaine de la coopération tunsio-française,
l’émergence du nucléaire civil. Tunis et Paris ont conclu un accord, d’une
durée de 20 ans, qui règle les conditions de coopération pour le
développement de l’utilisation pacifique du nucléaire. Cette coopération
revêt de multiples formes : formation, échanges d’information, recherches
communes, fournitures de matières et d’équipements, prestations de service.
L’accord, qui tient compte des garde-fous de l’AIEA, porte sur les domaines
de l’énergie et dessalement de l’eau, recherche fondamentale et appliquée,
formation des cadres et techniciens, applications médicales, agronomique,
industrielles…, sûreté et sécurité, prospection et valorisation des
ressources uranifères, gestion des combustibles et déchets, élaboration de
la législation et de la réglementation, information du public.
Au plan social, un accord sur la facilitation de la circulation des
personnes entre la France et la Tunisie a été conclu. Il s’agit de lutter
contre l’émigration clandestine, de délivrer des visas d’une durée plus
longue (un à cinq ans), de doter les Tunisiens de formations adaptées au
marché de l’emploi et de faciliter
l’accès au marché du travail français pour les Tunisiens qui ont des
compétences de haut niveau ou pour des métiers pour lesquels existe en
France une demande non satisfaite (construction, hôtellerie et
restauration). Officiellement, ces facilités pourraient permettre l’accès en
France de plus de neuf mille professionnels tunisiens.
Autre accord tuniso-français, celui conclu par la même occasion entre le
Groupe Caisse d’épargne (GCE) et sa filiale en Tunisie, la Banque
tuniso-koweitienne (BTK) aux fins de promouvoir l’épargne des migrants
tunisiens en France, de favoriser sa bancarisation, et partant, d’abaisser
les coûts des transferts d’argent en Tunisie tout en optimisant leur
sécurité. A signaler que les transferts des Tunisiens à l’étranger s’élèvent
à 2 milliards de dinars (un plus de 1 milliard d’euros) par an et que 25%
des résidents tunisiens en France sont des clients du GCE.
Au plan de la formation, à signaler l’accord conclu pour la création d’un
Institut tuniso-français pour les métiers de la mer, moyennant un
investissement de 2 millions d’euros (1 euro=1,8 dinar), accordé, sous forme
de don, par la France à la Tunisie. L’établissement, qui entera en service
en 2010, répondra aux besoins de la Tunisie et de la France ainsi qu’à ceux
des pays européens, en ces compétences spécialisées. L’Institut va
accueillir entre 600 et 1000 candidats pour une formation de 6 mois à 3 ans
selon les spécialités.
A retenir également le projet de création, à Bizerte, d’une école
franco-tunisienne d’ingénieurs.
Un accord de coopération dans le domaine touristique (2008-2012), axé
principalement sur la formation professionnelle, la qualité, le thermalisme
et la thalassothérapie, a été signé en marge de la visite d’Etat du
président Nicolas Sarkozy en Tunisie.
L’accord constitue une reconduction de
l’accord de coopération bilatéral de 2003, lequel est renouvelé tous les
cinq ans.
Au plan d’aide au développement, quatre conventions de coopération ont été
signées entre la Tunisie et l’Agence française de développement (AFD) dans
les domaines de la requalification urbaine (91 millions de dinars), de la
gestion des bassins versants (72 millions de dinars), de la mise à niveau
des circuits de distribution des produits agricoles et de la pêche (environ
51 millions de dinars) et du transport du gaz naturel (environ 36 millions
de dinars) ainsi qu’un accord-cadre de partenariat pour le renforcement de
la coopération en matière d’assistance technique et de formation. Il vise à
soutenir et à favoriser la coopération tripartite (Tunisie, France et pays
tiers en développement) pour le renforcement de la coopération en matière
d’assistance technique et de formation.
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