Pour son 11ème Forum international, tenu les 24 et 25 avril
dernier à Hammamet, la revue Réalités a choisi pour thème : «Le
réchauffement climatique et la Méditerranée, défis et enjeux pour la
région», un dossier particulièrement…chaud qui préoccupe, depuis une bonne
dizaine d’années déjà, instances internationales et hauts responsables des
pays les plus industrialisés désignés nommément comme étant les principales
causes –mais pas les seules– des changements climatiques dont les retombées
désastreuses se prononceront de la manière la plus drastique dès le premier
quart de ce siècle, c’est-à-dire demain.
Durant deux journées pleines, experts locaux et internationaux en
environnement se sont relayés à la tribune pour présenter, chacun, leurs
diagnostics et leurs points de vue propres, mais fondés sur des paramètres
scientifiques et à la lumière de la situation climatique qui prévaut déjà
depuis quelques années. De l’ensemble de ces indicateurs se profile aisément
la situation qui prévaudra demain, à l’horizon 2025, si ce n’est bien avant.
Une situation intenable dont les expressions majeures seraient probablement
des conflits régionaux, et donc la reptation de millions et de millions
d’individus en direction des pays du Nord.
Malgré la richesse des interventions au Forum, et celle des débats, nous
nous limiterons ici, attendu tout son intérêt, à l’exposé magistral et
complet donné par M. Mohamed Mehdi Mlika, Ingénieur Docteur en Génie de
l’Environnement, et président de l’AREMEDD (Association du Réseau
Méditerranéen pour le Développement Durable), et lequel, procédant d’une
manière dialectique n’ayant rien laissé au hasard, est en soi une chronique
d’un désastre annoncé qui, si rien n’est fait d’ici là, bousculera, non pas
seulement l’homme dans ses habitudes et son mode de vie, mais jusqu’à la
carte du monde où on risque de voir le Sud de moitié vidé de ses populations
au profit du Nord dont rien, au demeurant, ne dit qu’il ouvrira tout grands
ses bras pour accueillir des centaines de millions d’êtres humains sinistrés
par le réchauffement climatique qui sévira notamment sous les cieux du Sud.
Disons-le tout de suite : l’Australie et le Canada, pays-continents, n’ont
pas dit oui devant cette éventualité macabre. Certes, ils n’ont pas dit non.
Mais ce silence, cette hésitation en dit beaucoup sur cette situation de
maints pays du Nord qui, préférant une émigration choisie et non subie, se
trouveront en quelque sorte devant le fait accompli d’une émigration
obligée. A moins que, faisant fi du sens de l’humanisme, ils ferment
hermétiquement leurs frontières au nez des ‘‘réfugiés climatiques’’, ce qui
voudra dire l’anéantissement du Sud jusque ses espèces végétales, animales
et, évidemment, humaines.
C’est dire que la menace n’est ni un canular ni un jeu saumâtre. Elle est
là, implacable et dangereuse. Elle frappe, depuis quelques années, à nos
portes par petits coups. Et elle risque de sévir très fort dans les quelques
années qui viennent. Or, comme l’a signalé un des intervenants, il ne
faudrait pas s’imaginer qu’il revient à un seul pays de juguler la menace
climatique, la responsabilité incombe à tous les pays de la planète, et,
partant, à tout individu. Mais si personne ne fait rien dans ce sens, le
prix à payer sera trop fort. Auquel cas, il ne faudrait pas non plus
s’imaginer que les pays du Sud puissent faire face à une telle ardoise
astronomique.