Siemens : l’ancien patron von Pierer s’en tire à bon compte mais l’affaire continue

 
 
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L’ex-patron de Siemens Heinrich von Pierer, le 25 janvier 2007 (Photo : Oliver Lang)

[09/05/2008 13:16:46] BERLIN (AFP) La justice allemande a renoncé vendredi à mettre en examen Heinrich von Pierer, ex-patron du groupe Siemens touché par un vaste scandale de corruption, mais l’affaire, qui fait des remous depuis plus d’un an, est encore loin d’être terminée.

Le parquet de Munich, ville du sud de l’Allemagne où siège Siemens, géant de l’industrie, a estimé qu’il n’avait “pas assez d’éléments” pour une mise en examen et va se contenter de poursuites pour manquement par M. von Pierer à son devoir de contrôle.

L’ancien capitaine d’industrie, qui a dirigé le groupe pendant 13 ans avant de passer deux ans à la tête du conseil de surveillance de 2005 à 2007, risque ainsi au pire une amende, d’un montant maximal d’un million d’euros, mais il n’y aura ni procès, ni prison. La procédure est celle utilisée dans le cas d’infractions au code de la route, par exemple.

La décision du parquet implique que, comme il le clame à l’envi depuis que le scandale a éclaté, M. von Pierer n’a jamais rien su des pratiques de caisses noires et de pots de vin qui semblaient pourtant monnaie courante au sein du groupe pour lui assurer des contrats, et ce dans toutes ses divisions.

C’est du moins la conclusion a laquelle sont arrivés les enquêteurs mandatés par Siemens pour faire la lumière dans cette affaire, et qui ont trouvé “dans presque toutes les activités étudiées et dans de nombreux pays des indices de violation des règles anti-corruption”, selon leur rapport dont les conclusions ont été publiées le mois dernier.

Des accusations qui rappellent les faits reprochés depuis cette semaine par la justice suisse au groupe français Alstom, concurrent de Siemens, soupçonné de corruption dans le cadre de l’acquisition de commandes d’infrastructures en Amérique du Sud et en Asie.

Chez Siemens, l’affaire, qui concerne un total 1,3 milliard d’euros dans des caisses noires, a éclaté fin 2006 et n’en finit pas depuis de faire des vagues. Elle n’a donné lieu pour le moment qu’à une seule décision de justice: une amende de 201 millions d’euros à été infligée à l’automne 2007 à la division “Com” (systèmes de communication), celle par qui le scandale est arrivée.

Mais elle a durablement chamboulé le groupe, un mastodonte qui emploie plus de 400.000 personnes et vend de tout, trains, turbines, électroménager ou encore matériel médical.

Le successeur de M. von Pierer aux manettes, Klaus Kleinfeld, a dû démissioner l’an dernier. Lui-même a abandonné son poste de président du conseil de surveillance. Le nouvel homme fort, l’Autrichien Peter Löscher, est parti en guerre contre ce qu’il qualifie de “pratiques criminelles” et a fait valser les dirigeants. Il assure avoir remplacé “nettement plus de la moitié” des 100 premiers échelons, dans un entretien au magazine Focus à paraître samedi.

En justice, outre les enquêtes en cours contre les autres divisions que Com, les anciens dirigeants, y compris M. von Pierer, ont encore à craindre des poursuites au civil de la part de la société elle-même.

Le conseil de surveillance de Siemens envisagerait ainsi de se retourner contre son ancien chef, rapportait vendredi le quotidien économique Handelsblatt.

Aux Etats-Unis enfin, où l’action Siemens est cotée, c’est le gendarme boursier SEC qui pourrait sévir. Le groupe redoute de son propre aveu une sanction financière “conséquente”.

Mais M. Löscher l’assure dans les colonnes de Focus, “nous avons aujourd’hui installé un système de contrôle qui rend ce genre d’agissements impossibles dans cette ampleur”. Et prévient ses ouailles: “qui fait ne serait-ce qu’une erreur sur ce sujet en subira tout de suite les conséquences”.

 09/05/2008 13:16:46 – © 2008 AFP