Elle
force à ce point notre estime qu’on ne résiste pas à la tentation de
balancer tout de go les quatre principales stations de sa vie : le
baccalauréat à 16 ans ; un diplôme de l’Ecole préparatoire aux études
scientifiques et techniques (la Marsa) conforté par un diplôme en
informatique de gestion (ISG) à 21 ans ; un 3ème cycle à 24 ans ;
et chef d’entreprise à 26 ans. Le moins qu’on puisse dire est que des sujets
de sa trempe ne courent vraiment pas la rue. On se gardera bien, ici, de
parler de génie pour expliquer un tant soit peu son cursus fulgurant, mais,
sans risque de nous tromper, on parlera volontiers d’un dynamisme et d’une
volonté de réussir inextinguibles. Aujourd’hui encore, tout juste 30 ans et
visiblement très bien dans la peau d’un haut responsable, elle semble
n’avoir rien perdu de l’élève et de l’étudiante qu’elle avait été : la
fougue plein le corps et l’esprit, et de la verve à en revendre. Elle n’est
pas seulement une femme, c’est une boule de feu. Dans son propre bureau,
elle ne marche pas, elle court. Elle est encore une de ceux (et celles) qui
livrent à la montre une véritable course contre…la montre. Plus rapide que
l’aiguille aux secondes. Elle casse en bloc le cliché classique du chef
d’entreprise à la démarche un peu balourde et imposante comme s’il emportait
sur le dos les soucis de l’humanité entière. Rien de tel. Et surtout pas de
fioritures. Juste un soupçon de maquillage sur le visage. Et tout juste au
poignet une petite montre (normal : sa seule concurrente). Sinon, tout le
reste est sobriété et retenue. Presque du conservatisme entrepreneurial.
Mais une fois à la table de discussion, cette jeune fille qui, encore
enfant, avait jeté son dévolu plutôt sur les maths, devient soudain une
petite Simone de Beauvoir. Verbe sélect, quoique spontané. Tournures de
phrase savantes. Cheminement méthodologique (maths obligent). Et un sens de
persuasion qui passe bien la rampe. Sauf si elle est un don tombé du ciel,
cette fille est le digne produit de tous les enseignants qu’elle avait eus
par le passé.
Imen Bakhouche est née à Tébessa, en Algérie, de mère tunisienne et de père
algérien. A 16 ans, le bac dans un sac, elle vient à Tunis vivre parmi sa
famille maternelle pour préparer un diplôme aux études scientifiques et
techniques à la Marsa qu’elle juge opportun de couronner d’un diplôme en
informatique de gestion à l’ISG de Tunis. Après un petit passage par la City
Bank où elle puise une bonne dose d’expérience, elle cingle vers New York
pour des études de 3ème cycle. Cette même fougue qui l’avait toujours
habitée ne passa pas inaperçue aux yeux du doyen même de l’Université de New
York qui lui proposa de donner, à son tour, des cours de formation pour
adultes. Et c’est là qu’elle prit goût à la formation continue. Tout en
enseignant, elle roula sa bosse dans certains groupes à dimension
internationale. Et son doyen de la rappeler derechef pour des cours d’entrepreneuriat
au bout desquels, avec deux collègues, elle se lance dans le monde de
l’entreprise informatique. Le trio se voit alors confier ses premiers
projets et remettre ses premiers chèques. Mieux : Imen, dans la foulée, se
fait garnir son tout premier portefeuille clients de noms assez prestigieux.
Sauf qu’en ce certain 11 septembre 2001, deux grosses jumelles tombent à New
York et, avec elles, des milliers de projets et autant d’illusions.
Il n’empêche, à Tunis, Imen Bakhouche monte tout de même son propre projet,
Net Concept, qui, contre vents et marées et quelques coups ignobles, se
fraie solidement chemin parmi les grands de l’informatique en Tunisie.
Comme quoi, il est inutile de badiner avec les filles de Tébessa…