Embourbé dans la crise, le Crédit Agricole lève des fonds et change de cap

 
 
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Le président du Crédit Agricole Renné Carron, le 5 mars 2008 à Paris (Photo : Jean Ayissi)

[13/05/2008 17:47:26] PARIS (AFP) Embourbé dans la crise financière, qui lui a encore coûté très cher au premier trimestre, le Crédit Agricole a annoncé mardi une augmentation de capital de 5,9 milliards d’euros pour y faire face mais aussi une volte-face stratégique au profit de sa banque de détail.

Première banque de détail européenne, le Crédit Agricole devait publier ses résultats jeudi. Mais elle a pris les devants pour couper court aux rumeurs en annonçant que son résultat net ne dépasserait pas 892 millions d’euros, soit à peine un tiers de celui du premier trimestre 2007.

En cause: 1,205 milliard de nouvelles dépréciations affectant Calyon, sa banque de financement et d’investissement, après 4,2 milliards (avant impôt) en 2007.

A ce jour, c’est la banque française la plus touchée par la crise, même si elle est aussi la plus grande par le chiffre d’affaires.

Comme la Société Générale après l’affaire Kerviel et d’autres banques dans le monde, le Crédit Agricole va lancer une augmentation de capital afin de retrouver un ratio de solvabilité de 8,5%.

Une annonce très mal accueillie en Bourse où le titre Crédit Agricole SA chutait à 13H40 de 5,11%, à 19,67 euros.

Pierre Flabbée, de Landsbanki Kepler, a jugé que la somme de 5,9 milliards d’euros était “beaucoup trop” importante au vu des exigences de la réglementation bancaire en matière de fonds propres.

La banque verte a aussi livré les grandes lignes d’un “plan d’action” qui prévoit de recentrer Calyon sur ses “compétences clefs” et d’accroître le poids de la banque de détail, synonyme de revenus stables et récurrents.

Tenu pour responsable de l’engagement du groupe dans l’aventure des “subprime”, Marc Litzler, le directeur général de Calyon, “va quitter la direction générale”, a confirmé à l’AFP une source interne à la banque.

Il devrait cependant rester auprès de Georges Pauget, le directeur général de Crédit Agricole SA, “le temps d’organiser la transition”, a-t-elle ajouté.

Figure de la Société Générale dans les dérivés actions, Marc Litzler était entré en 2004 chez Calyon, dont il n’avait pris la tête qu’en octobre dernier.

Alors que Calyon était réputée en pointe dans les métiers de financement (crédit), M. Litzler “a poussé les feux en banque d’investissement” (placements), a-t-on précisé de même source.

Echaudé par la crise, le Crédit Agricole a décidé de faire machine arrière, les caisses régionales, son principal actionnaire, jugeant que le groupe s’était trop éloigné de ses métiers traditionnels au profit d’activités financières plus risquées.

Une revue stratégique des métiers est en cours qui devrait déboucher sur une réduction de la voilure de Calyon. Pour autant, sa cession pure et simple n’est pas à l’ordre du jour, indique-t-on à la banque.

Pas plus que la démission de Georges Pauget, qui avait nommé M. Litzler et poussé ces dernières années en faveur d’un poids accru des activités de marché et de l’international. “L’état d’esprit est plutôt à serrer les rangs et passer la crise. Il n’y aura pas de vote de défiance” lors du conseil d’administration qui aura lieu mercredi, assure une source proche.

 13/05/2008 17:47:26 – © 2008 AFP