Sentier II : la Barclays clame sa “totale sincérité” contre le blanchiment

 
 
photo_1210699417961-1-1.jpg
Logo de la banque Barclays (Photo : Carl de Souza)

[13/05/2008 19:00:18] PARIS (AFP) Les dirigeants passés et présents de Barclays-France ont assuré mardi que la banque britannique avait lutté avec une “totale sincérité” contre le blanchiment d’argent frauduleux dont elle est accusée au procès dit du Sentier II devant le tribunal correctionnel de Paris.

Ce procès d’ampleur (151 prévenus, audiences du 4 février à début juillet) vaut à quatre banques d’être jugées pour blanchiment aggravé: la Société générale, la Société marseillaise de crédit, la Banque nationale du Pakistan et la Barclays-France.

Cette dernière, branche française de la 14e banque mondiale, en tant que personne morale, ainsi que quatre de ses salariés dans les années 1990 sont soupçonnés d’avoir abrité en connaissance de cause des fonds d’origine frauduleuse sur les comptes d’associations liées à la famille Rotnemer.

Les Rotnemer père et fils sont à l’origine de nombreuses structures finançant des écoles religieuses, crèches ou encore jardins d’enfant de la communauté juive.

La Fondation communautaire pour l’enseignement et l’éducation (FCEE), créée par Elie Rotnemer et reprise par ses fils Joseph, Raphaël et David, disposait d’un compte à la Barclays depuis 1991.

Selon l’accusation, la FCEE a financé plusieurs associations au moyen de prêts jamais remboursés, transformés en subventions et faisant ensuite l’objet de retraits d’argent au bénéfice de Joseph Rotnemer ou de son entourage.

Les sommes collectées par la FCEE provenaient notamment, d’après l’enquête, de détournements de la taxe d’apprentissage ou encore de dons versés par des entreprises en contrepartie de versements en espèces au bénéfice de leurs dirigeants.

Entre 1997 et 2001, les mouvements sur les sept comptes ouverts à la Barclays-France au nom de la FCEE ou de ses associations satellites ont représenté un total de 61 millions de francs (plus de 9 millions d’euros). Environ 22 MF ont été retirés en espèces et 24 MF ont fait l’objet de chèques encaissés à l’étranger, principalement en Israël où Joseph Rotnemer est réfugié depuis 1998.

L’enquête a montré que les retraits d’espèces dans des agences parisiennes de la Barclays avaient diminué après la fuite de Joseph Rotnemer et qu’en parallèle, les chèques encaissés en Israël avaient augmenté depuis cette époque.

Il est reproché à la Barclays-France un contrôle inefficace des opérations en cause. Certains des bénéficiaires n’avaient notamment rien à voir avec l’objet des associations concernées.

Parlant d’une “affaire désastreuse”, le directeur général de 1998 à 2002, Henri-Paul Pellegrino, a assuré mardi que les chèques étaient “parfaits du point de vue de leur validité apparente”.

Son successeur, Pascal Roché, représentant de la banque en tant que personne morale, a insisté sur un “système de contrôle très en avance” pour l’époque à travers notamment une “séparation entre les fonctions commerciales et les fonctions de contrôle”.

Dans les années 90, il y avait “une totale sincérité de la banque par rapport à ses obligations” dans la lutte contre le blanchiment fixées par deux lois de 1990 et 1996, a insisté l’actuel directeur général.

Le ministère public n’a pas requis le renvoi de la Barclays-France devant le tribunal, excluant “toute collusion frauduleuse” de la banque avec les fraudeurs présumés. Le magistrat instructeur a été d’un avis contraire, ordonnant le renvoi de la Barclays-France pour avoir apporté son “concours à des opérations de blanchiment”.

 13/05/2008 19:00:18 – © 2008 AFP