[14/05/2008 11:21:20] TOKYO (AFP) Les constructeurs automobiles japonais ont tous annoncé des prévisions pessimistes pour l’exercice 2008-2009, leur insolente prospérité de ces dernières années s’annonçant gâchée par la remontée en flèche du yen face au dollar et la contraction du marché américain. Après une année 2007-2008 record, Toyota a ainsi prédit une chute de 27,2% de son bénéfice net –la première en neuf ans– pour l’exercice qui a commencé le 1er avril. Celui de Nissan devrait dégringoler de 29,5%, celui de Honda de 18,3%, celui de Mazda de 23,8% et celui de Mitsubishi Motors de 42,4%. Seul le spécialiste des petites voitures Suzuki Motor, très présent dans les marchés émergents à forte croissance comme l’Inde, s’est déclaré relativement épargné: son bénéfice net ne devrait diminuer que de 0,3%. La saison des résultats annuels, qui vient de s’achever, a ressemblé à un concert de lamentations de patrons de groupes automobiles japonais contre la chute du dollar, attendu cette année à 100 yens contre 114 yens en 2007-2008. “Cette année, les taux de change et la hausse des prix des matières premières seront pour nous les principaux défis à surmonter. Nous allons vraiment être mis à l’épreuve”, a averti le PDG de Toyota, Katsuaki Watanabe, dont l’entreprise lutte au coude à coude avec l’Américain General Motors pour la couronne de premier constructeur automobile mondial. “Nous avons joui d’une croissance ininterrompue pendant tant d’années (…) Cela va être pour nous l’occasion de nous réinventer”, a-t-il philosophé. “Cela va être une dure année pour l’ensemble de l’industrie. Tous les éléments, dans notre environnement, sont négatifs”, a renchéri son homologue de Nissan, Carlos Ghosn. “Nous sommes très confiants quant aux performances de Nissan, mais nous devons être réalistes”, a-t-il prévenu.
A la rapide appréciation du yen face au dollar s’ajoute, sur la liste des problèmes, la forte contraction attendue du marché nord-américain, vache à lait des constructeurs asiatiques depuis de nombreuses années. Rebecca Lindland, analyste du cabinet Global Insight, prévoit ainsi que seuls 14,9 millions de véhicules seront vendus aux Etats-Unis en 2008, ce qui représenterait une baisse de 7,5% par rapport à 2007. Pour l’industrie japonaise, “la situation est très défavorable”, commente Hirofumi Yokoi, analyste automobile chez CSM Asia. Mais si les difficultés sont les mêmes pour tout le monde, chaque constructeur ne lutte pas à armes égales. “Suzuki et Toyota sont les mieux placés”, affirme M. Yokoi. “Suzuki, qui domine de façon écrasante le marché indien et n’est pas très présent aux Etats-Unis, est le constructeur le mieux à même de profiter de la situation actuelle. Toyota est également bien armé car très diversifié hors du Japon et des Etats-Unis, et parce qu’il a localisé sa production en Amérique du Nord, en Europe et dans certains pays émergents”, ce qui amortit les effets de la volatilité des changes, fait-il remarquer. Les malheurs des Japonais sont, de plus, à relativiser. Le bénéfice net de Toyota en 2008-2009, même s’il baissera, devrait quand même rester le plus copieux de l’industrie à 1.250 milliards de yens (7,8 milliards d’euros). Et la plupart des groupes automobiles nippons restaient assis au 31 mars sur une confortable trésorerie disponible (l’équivalent de 10,2 milliards d’euros chez Toyota, de 6,6 milliards chez Honda, de 3,7 milliards chez Nissan) qui devrait leur permettre de traverser la tourmente actuelle sans trop se serrer la ceinture ni toucher à leurs nombreux projets de constructions d’usines. Pour Koji Endo, analyste automobile au Crédit Suisse, les difficultés des constructeurs japonais prendront fin avec celles de l’économie américaine. “Les Etats-Unis resteront probablement faibles cette année et la suivante, mais je crois qu’ils rebondiront ensuite, et dans le même temps, la demande continue à croître au Brésil, en Russie, en Inde et en Chine”, prédit-il. |
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