Deutsche Telekom va cogérer OTE avec le gouvernement grec

 
 
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Le PDG de Deutsche Telekom René Obermann, le 4 mars 2008 à Hanovre (Photo : David Hecker)

[14/05/2008 18:57:40] ATHENES (AFP) Après deux mois de négociations, le numéro un européen des télécommunications Deutsche Telekom (DT) a trouvé mercredi un accord avec le gouvernement grec en vue d’une cogestion de l’ancienne compagnie nationale OTE, première du secteur dans les Balkans.

Le feu vert du gouvernement grec à cet accord, qui prévoit que les deux parties détiendront chacune 25% du capital du groupe, a été donné mercredi lors d’un comité interministériel des privatisations.

L’Etat grec possède actuellement 28% d’OTE et Deutsche Telekom 20%. Athènes va vendre à l’opérateur allemand 3% supplémentaires, au prix de 29,75 euros par action, soit un total de 442,3 millions d’euros, a annoncé le ministre de l’Economie Georges Alogoskoufis au cour d’une conférence de presse.

DT devra encore se procurer 2% du capital du groupe sur les marchés.

Au terme de l’accord, le directeur général d’OTE sera nommé par DT, avec veto possible de l’Etat grec, tandis que le président du conseil d’administration sera nommé par la partie grecque, avec veto possible de la compagnie allemande. Mais ce dirigeant pourrait être la même personne si les deux parties en sont d’accord.

Le texte doit encore, pour être appliqué, avoir reçu l’approbation du Parlement grec, de la Commission européenne et des autorités de régulation des télécommunications des deux pays.

“Cet accord conclu avec le plus grand et le plus fiable des groupes européens ouvre une nouvelle page pour OTE et l’économie grecque. Ce sont les consommateurs qui vont aussi en profiter”, a déclaré le ministre grec.

Depuis des années, le gouvernement conservateur recherchait un investisseur “stratégique européen” pour OTE, considéré comme un fleuron de l’économie du pays et plus grand groupe de téléphonie des Balkans, présent en Albanie, Bulgarie, Macédoine, Roumanie et Serbie

Le gouvernement grec a enfin trouvé l’occasion en mars dernier, lors de l’entrée de Deutsche Telekom au capital d’OTE après le rachat de quelque 20% des parts que détenait le groupe gréco-émirati MIG.

Depuis, les rencontres entre le gouvernement et les représentants du DT se sont multipliées pour arriver à l’approbation d’un texte élaboré avec le conseil du Crédit Suisse, UPS et Eurobank.

“Pour DT, qui est déjà présent en Macédoine et en Croatie, la cogestion d’OTE sera un facteur important pour sa présence et son expansion dans les pays d’Europe de l’Est”, a indiqué à l’AFP Vassilis Kararizos, directeur du département d’analyses de la société financière grecque Proton Securities.

Cotée aux Bourses de New York et d’Athènes avec un chiffre d’affaires qui s’est élevé à 6,319 milliards d’euros en 2007, OTE est également puissant en terme d’actifs, selon M. Kararizos, qui indique que l’entreprise est “le deuxième propriétaire immobilier dans le pays après l’Eglise de Grèce”.

En ce qui concerne l’assainissement de l’entreprise, “il n’y aura pas dans l’immédiat de grands changements, surtout après le départ volontaire de plus de 6.000 employés il y a deux ans”, estime M. Kararizos.

Cependant, l’accord suscite de nombreuses critiques à gauche, surtout au sein du principal parti d’opposition, le Pasok (socialiste), dont le porte parole a indiqué mercredi qu’il s’agissait “d’un des jours de plus noir dans l’histoire” de la Grèce.

Les syndicats jugent pour leur part que la vente de l’entreprise “est un crime national”. Après avoir déjà observé la semaine dernière une grève de 48 heures, ils ont de nouveau annoncé une autre grève de 24 heures pour jeudi contre “la liquidation du groupe”.

“Pour le Grec moyen OTE est toujours assimilé à une entreprise nationale, mais en réalité l’Etat grec était minoritaire dans le capital depuis des années”, rétorque M. Kararizos.

 14/05/2008 18:57:40 – © 2008 AFP