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l’exception des grands comptes, l’événementiel en Tunisie reste la chasse
gardée des directions marketing et communication. Les dossiers se traitent
«sur mesure», certaines entreprises ne cachent pas leurs déceptions par le
manque d’originalité des propositions.
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«Je n’ai jamais eu une proposition qui m’a donné l’impression d’être
réfléchie pour mon produit. Nous restons sur notre faim. Je n’ai pas reçu de
proposition pensée pour mon produit. Le secteur est chahuté, il s’organise,
je lui laisse le temps de mûrir. Par contre, si une agence arrivait avec ce
qui correspond à mes attentes, je signerais de suite» déclare un décideur
qui veut rester discret».
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Tout ne semble pas être une question de prix pourtant. Après une expérience
dans une multinationale à l’échelle régionale (Moyen-Orient et pays du
Golfe), Lamia Temimi propose à ses «clients des solutions créatives avec le
meilleur rapport qualité/prix. J’assure un suivi pointilleux et une
attention particulière aux détails. Le coût d’un évènement peut aller de
1000 DT pour une pause café créative, à 300.000 DT pour une soirée gala et
même beaucoup plus en fonction des attentes du client, de la vedette choisie
pour animer la soirée, des fleurs sélectionnées, de l’endroit recommandé, du
choix du menu et des ingrédients, de la technologie nécessaire pour le son
et lumière, et j’en passe…»
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Du côté des sociétés, malgré quelques exceptions, la tendance est encore de
penser que pour le moment «rien ne justifie que l’on passe par des
professionnels qui ne garantissent pas forcément une plus-value au niveau de
la réalisation, du suivi et surtout du concept. Si c’est pour me proposer ce
que je peux faire seul en interne, avec mon équipe c’est inutile. Nous en
avons le dynamisme et les moyens, déclare un autre «fort potentiel
portefeuille» qui veut garder l’anonymat.
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Aux yeux des professionnels, le secteur n’évolue pas assez vite. «Ce n’est
pas pour rien que les très gros évènements ces dernières années ont été
gérés par des sociétés étrangères avec un exécutif tunisien». Le secteur,
selon Khaled Aouij, perspicace observateur de la scène médiatique et
communicationnelle tunisienne, répertorie toutes les agences évènements sur
son site
http://www.prosdelacom.com. Ceci dit, il déclare que «le secteur est
encore précaire. On ne se casse pas trop la tête,…Les compétences existent.
Elles sont isolées, performantes et ne se trouvent pas forcément au sein
d’une même entreprise».
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L’évènementiel est donc à ses premiers pas. Il se structure, s’organise et
se stabilisera. Pour le moment, les uns se plaignent de ne pas trouver les
budgets pour soutenir leurs rêves professionnels les plus fous, les autres
se plaignent de recevoir encore et toujours des propositions, ou l’évènement
en question, est la énième invitation de telle ou tel autre star de la
chanson orientale, avec spots télévisés, interviews radiophoniques et
campagnes d’affichages.
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Tunis a la caractéristique d’être petit. Le «bouche à oreille» fonctionne de
manière encore plus efficace pour répertorier, classer critiquer et scanner
les prestataires. Il est certes rare dans le milieu, mais on reconnaît les
talents incontestables de quelques agences qui ont réussi de beaux
évènements, notamment pour des entreprises étrangères basées en Tunisie,
relevant tout de même d’un «c’est trop cher, ils sont efficaces mais hors de
prix».
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Les professionnels de l’évènementiel reconnaissent qu’il est difficile de
«faire des propositions audacieuses. Même si le marketing ou la
communication peut suivre «nos folies, le décisionnaire final reste assez
classique, s’il n’est pas carrément hermétique aux concepts osés décalés,
voire un peu fous».
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Obtenir un budget conséquent pour faire du beau, du gros et du brillant
évènement, voilà ce qui semble manquer aux créatifs tunisiens.
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Entre temps, ce n’est pas le manque de sollicitations qui pose problème. A
titre d’exemple, Nejla Chaar, chef du département communication de Tunisiana,
avoue recevoir jusqu’à 30 sollicitations par semaine.
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Ce sont les projets qui semblent encore assez peu séduisants. Pour Ahmed
Djait qui vient d’achever une belle aventure avec le champion du monde du
chocolat Michael Azzouz invité pat l’IFCC à animer un séminaire
professionnel et pratique de deux jours, pour le compte des chocolats Saïd.
Le cheminement vers l’évènement s’est fait via un bureau de formation. «Nous
avons cherché à optimiser une opération de sponsoring, qui grâce au charisme
de l’animateur, s’est transformé en un véritable évènement. Nous voulions
rapprocher le chocolat des Tunisiens et cette opération s’est révélée un
succès».
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