La croissance française plus forte que prévu au 1er trimestre 2008

 
 
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La ministre française de l’Economie Christine Lagarde le 15 mai 2008 à Paris (Photo : Patrick Hertzog)

[15/05/2008 14:08:33] PARIS (AFP) La croissance française a accéléré au premier trimestre, avec une progression de 0,6% du PIB, supérieure aux prévisions malgré un contexte de crise financière mondiale, et a également été revue à la hausse sur l’ensemble de 2007, à 2,1% contre 1,9% initialement.

Grâce à ces bons résultats, l’acquis de croissance pour 2008, c’est-à-dire le niveau dont on est sûr qu’il sera atteint sauf récession au cours des trimestres suivants, s’établit à 1,4% à fin mars, selon la première estimation de l’Insee.

“Nos prévisions officielles de croissance pour 2008, entre 1,7 et 2%, sont bien confortées”, a “jubilé” la ministre de l’Economie, Christine Lagarde.

“Les chiffres de la croissance montrent que l’économie française, dans un climat international très difficile, résiste très bien”, a déclaré le Premier ministre, François Fillon, estimant que “la politique économique conduite par le gouvernement est la bonne”.

Pour le président Nicolas Sarkozy, ces résultats “traduisent l’impact des mesures prises (…) par le gouvernement en faveur du travail, de l’emploi et du pouvoir d’achat” et “témoignent de la nécessité de maintenir ce cap”.

Pour l’économiste Nicolas Bouzou (Asterès), si ce “bon chiffre” confirme bien “la résilience de l’économie française”, “les effets de la politique économique menée depuis mai dernier” sont toutefois “difficilement visibles”.

“La défiscalisation des heures supplémentaires n’a pas empêché la consommation des ménages de freiner fortement (+0,1% seulement au premier trimestre contre +0,6% au trimestre précédent, ndlr). Même chose pour la trentaine de mesures prises en faveur du pouvoir d’achat mises régulièrement en avant par le gouvernement”, dit-il.

“Les dépenses des ménages ont été durement affectées par l’accélération de l’inflation” et la stagnation de leur pouvoir d’achat, renchérit Mathieu Kaiser, de BNP Paribas.

Contrairement aux ménages, qui étaient jusqu’à présent le principal moteur de l’économie française, les entreprises ont fortement contribué à la croissance au premier trimestre, à la fois par leurs investissements (+1,8%) et les exportations (+3,1%).

“Loin de nous rassurer complètement, les comptes du premier trimestre servent plutôt de miroir déformant de la réalité économique française”, résume Alexander Law, économiste en chef au cabinet Xerfi.

“Nous sommes désormais rentrés dans une zone de forte turbulence et le deuxième trimestre devrait être nettement moins bon”, prévient-il, tandis que Marc Touati (Global Equities) estime que “le plus dur reste à venir” au vu des dernières enquêtes de l’Insee.

Malgré ces chiffres meilleurs que prévu, l’économie française reste en effet en-deçà de la moyenne de la zone euro, dont le PIB a progressé de 0,7% au premier trimestre, et fait pâle figure comparé à celle de l’Allemagne, où le PIB a bondi de 1,5% sur la même période.

Et si la révision à la hausse de la croissance 2007 permet à la France de réduire sa dette publique (Etat, Sécurité sociale et collectivités locales) à 63,9% du PIB en 2007, contre 64,2% précédemment, le déficit se maintient à 2,7%, proche de la limite de 3% prévue dans le pacte de stabilité de l’Union européenne.

Trop proche même pour la Commission européenne, qui prévoit que le déficit de la France atteindra 2,9% cette année et 3% l’an prochain et s’apprête à lancer une mise en garde à Paris.

Mme Lagarde, elle, est bien décidée à obtenir de Bruxelles la révision de ces prévisions “outrageusement pessimistes”.

 15/05/2008 14:08:33 – © 2008 AFP