A350 : l’européen Airbus sélectionne l’américain Spirit comme sous-traitant

 
 
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Modèle de l’A350 XWB en exposition au Salon de l’aéronautique de Singapour, le 19 février 2008 (Photo : Roslan Rahman)

[15/05/2008 13:25:52] PARIS (AFP) L’européen Airbus a sélectionné l’américain Spirit AeroSystems pour fabriquer des éléments de fuselage du futur long courrier A350 XWB, démontrant ainsi sa volonté d’augmenter la part de ses achats en zone dollar, dont la dégringolade le touche de plein fouet.

Partenaire de Boeing, le grand rival d’Airbus, Spirit AeroSystems a annoncé qu’il allait produire des éléments du fuselage de l’A350 XWB sur un nouveau site, bâti pour l’occasion en Caroline du Nord.

Cette nouvelle est également l’illustration de la mondialisation de l’industrie aéronautique puisque Spirit fabrique une partie du fuselage et du nez du Dreamliner, le 787 de Boeing concurrent direct de l’A350, et qui doit être livré au troisième trimestre 2009.

A ce titre, Spirit, racheté en 2005 par le fonds d’investissement canadien Onex à Boeing, possède une certaine expérience dans les composites, matériaux légers et résistants, dans lesquels seront fabriqués les avions du futur.

Dans le cadre d’un appel d’offres d’Airbus, Spirit Aerosystems a notamment été préféré à l’italien Alenia comme sous-traitant pour l’A350 XWB, biréacteur de 270 à 350 places, dont le premier exemplaire doit être livré en 2013.

La construction de la nouvelle usine de Spirit Aerosystems démarrera cette année et devrait être opérationnelle en 2010. Elle emploiera initialement 500 personnes, le plan de développement prévoyant à terme de porter les effectifs à 1.000 personnes.

Parallèlement, une partie des pièces sera produite sur les sites de Wichita (Kansas) et Kuala-Lumpur (Malaisie).

Etranglé par la fermeté de l’euro, qui est passé en un an de 1,30 à environ 1,55 dollar, Airbus et sa maison mère, le groupe européen de défense et d’aéronautique EADS, n’ont de cesse de répéter qu’ils sont obligés de délocaliser. L’européen a la majeure partie de ses coûts de production en monnaie européenne mais vend ses avions en devise américaine.

EADS doit “être plus présent dans la zone dollar” pour se mettre dans une situation qui le place “sur un terrain d’égalité” avec Boeing, son concurrent, déclarait encore tout récemment son président, Louis Gallois. “Nous sommes à un tournant, nous y sommes poussés par le problème des changes, nous n’avons pas le choix”, avait-il ajouté.

L’augmentation des achats en zone dollar fait partie des éléments majeurs des nouvelles mesures d’économies que EADS compte présenter d’ici l’été.

De fait, il paye déjà certains sous-traitants européens, comme les français Thales et Latécoère, en dollars, faisant peser sur eux les risques de change, remarque Pierre Sparaco, expert aéronautique.

Airbus a prévu de réaliser 50% de la production de l’A350 XWB hors zone euro. Il compte confier à l’industrie chinoise et russe 5% chacune du programme de ce biréacteur, dans lequel il devrait investir 10 milliards d’euros. D’ici à la fin de l’année, l’européen pense avoir affecté à divers sous-traitants tous les grands ensembles composant son avion.

La sélection de Spirit peut être vue comme une revanche pour l’américain. Baptisé “nez de Boeing” par certains syndicats français, il avait été le candidat malheureux à la reprise de sites en Europe mis en vente par Airbus dans le cadre de son plan de restructuration Power8.

L’avionneur lui avait préféré en décembre dernier des repreneurs nationaux, comme le français Latécoère et l’allemand MTU Aerospace, avec lesquels il vient finalement de rompre ses négociations.

 15/05/2008 13:25:52 – © 2008 AFP