“Ciel ouvert” UE-USA : un second round s’attaque aux investissements

 
 
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Libéralisation du trafic aérien entre l’UE et les USA (Photo : Laurence Saubadu)

[15/05/2008 16:30:19] BRUXELLES (AFP) L’Union européenne a entamé jeudi avec les Etats-Unis des négociations de longue haleine pour compléter leur accord “ciel ouvert” entré en vigueur fin mars, avec cette fois l’objectif de pouvoir s’emparer du contrôle de compagnies aériennes américaines.

“Il faut un marché aérien sans entraves entre les deux continents”, a insisté Boydon Gray, envoyé spécial américain pour les affaires européennes, lors d’une conférence de presse marquant la reprise des négociations, retransmise sur internet depuis la Slovénie.

“Personne ne croit que cela se fera en une nuit. Je crois que dans la prochaine décennie, nous aurons presque tout, d’ici 2020 peut-être, mais d’ici 2010 je ne sais pas”, a toutefois tempéré ce proche conseiller du président américain George W. Bush.

Côté européen, on se montrait également prudent sur l’issue de ce second round.

Le premier accord historique “ciel ouvert” entre l’UE et les Etats-Unis, entré en vigueur le 30 mars, permet aux compagnies aériennes américaines et européennes d’effectuer des vols transatlantiques directs entre les villes de leur choix, une révolution qui a balayé des décennies d’accords bilatéraux restrictifs.

Il a été arraché après quatre années de pourparlers intenses, mais en laissant de côté les dossiers les plus épineux.

Jeudi et vendredi, les négociateurs des deux continents se retrouvaient en Slovénie dans l’espoir de compléter l’ouverture de leurs marchés.

Les investisseurs européens peuvent actuellement détenir plus de 50% du capital d’une compagnie aérienne américaine, mais pas plus de 25% d’actions assorties de droit de vote (ce seuil est de 49% en Europe pour les Américains). Le contrôle leur échappe donc. L’un des objectifs des pourparlers est d’éliminer tous ces seuils.

Mais l’idée de céder un jour les commandes des compagnies aériennes américaines à des investisseurs européens a jusqu’à présent été bloquée au Congrès, tandis que les puissants syndicats de pilotes veillent au grain.

Les appareils civils américains transportent à titre volontaire des troupes et du matériel en temps de guerre. Faudrait-il obliger des propriétaires étrangers à le faire?, s’interrogent les négociateurs américains.

Les Américains essaieront de leur côté d’obtenir davantage de liberté de mouvement pour leurs entreprises de frêt aérien.

“Nous voulons qu’elles puissent transporter librement des marchandises entre l’Europe et d’autres pays, et pas seulement en direction des Etats-Unis”, explique le principal négociateur américain John Byerly, en précisant qu’il y a inégalité puisque leurs concurrents européens peuvent opérer en toute liberté sur le sol américain.

Ils insistent aussi sur la nécessité de favoriser “les flots d’investissements” dans l’ensemble du secteur mondial, en éliminant les entraves créées par les milliers d’accords “bilatéraux” aériens en vigueur.

Les Européens montrent peu d’enthousiasme pour ce volet plus international. Pour Zoltan Kazatsay, haut responsable à la direction des Transports de la Commission européenne, “il faut se concentrer beaucoup plus sur un approfondissement des relations existantes UE-USA”.

Les compagnies européennes ne peuvent toujours pas desservir les villes américaines entre elles (“cabotage”). Les compagnies américaines peuvent pour leur part relier des villes de l’Union européenne mais pas les villes d’un même pays. Les négociateurs devront également se pencher sur ce sujet majeur de blocage.

En l’absence de résultats tangibles, certains éléments du premier accord “ciel ouvert” pourraient être remis en cause par les négociateurs des deux continents, lorsqu’ils feront le point en novembre 2010.

 15/05/2008 16:30:19 – © 2008 AFP