Economie : les Européens veulent parler d’une seule voix dans le monde

 
 
photo_1210879625151-1-1.jpg
Joaquin Almunia le 15 mai 2008 à Bruxelles avec l’ancien ministre italien des Finances Tommaso Padao-Schioppa (Photo : Dominique Faget)

[15/05/2008 19:38:17] BRUXELLES (AFP) Les pays de la zone euro doivent apprendre à parler d’une seule voix dans le monde pour renforcer leur poids politique et devraient se diriger vers une représentation unique dans les forums du type FMI ou G7, ont estimé jeudi plusieurs dirigeants économiques.

“Nous devons développer une stratégie internationale claire pour l’accorder à notre rôle international croissant”, a souligné le commissaire européen aux Affaires économiques Joaquin Almunia, lors d’une conférence célébrant le 10ème anniversaire de la décision de principe de lancer la monnaie unique.

“Dans un monde globalisé, ne pas définir et promouvoir nos intérêts sur la scène mondiale n’est ni sage ni responsable. Pourtant, c’est parfois la réalité à laquelle nous devons faire face quand nous échouons à parler d’une seule voix”, a-t-il ajouté.

Une des idées avancées pour y parvenir est une représentation unique de la zone euro, qui compte quinze pays aujourd’hui, dans les forums internationaux, comme le G7 ou le Fonds monétaire international (FMI).

“A terme, l’espace euro, je n’en doute aucunement, sera représenté au Fonds monétaire international par une chaise unique”, a souligné le président de l’Eurogroupe (forum des ministres des Finances de la zone euro) Jean-Claude Juncker.

Et ce même s’il a égratigné la pusillanimité des responsables politiques européens, prompts selon lui à soutenir l’idée lorsqu’ils ne sont pas au pouvoir, mais moins empressés à la défendre une fois qu’ils y sont parvenus.

Il a notamment épinglé le président français Nicolas Sarkozy, qui, “pendant sa campagne électorale (…) avait dit qu’il faudrait une représentation unique au FMI”.

“Il a encore quatre années, s’il devait quitter (son poste) après les premières cinq années, pour revenir sur ce point. Je l’encourage vivement à le faire rapidement”, a affirmé M. Juncker. Une invitation lancée alors que la présidence française de l’UE débute le 1er juillet.

Au sein du FMI, chaque pays de la zone euro, y compris la France donc, dispose actuellement d’un siège et de droits de vote au conseil d’administration au prorata notamment de sa richesse et de ses contributions financières au Fonds.

Au G7, qui regroupe les ministres des Finances des sept pays les plus industrialisés, la zone euro a aujourd’hui trois sièges, avec la France, l’Allemagne et l’Italie. Le président de l’Eurogroupe est en outre associé aux travaux.

Avant d’espérer parvenir à des sièges uniques, les pays concernés devront d’abord s’être mis d’accord sur des positions et une stratégie communes, pour être crédibles lorsqu’il s’agira de parler aux Etats-Unis ou à la Chine.

“La question n’est pas de savoir si la zone euro devrait avoir un siège unique à la Banque mondiale, au FMI et dans d’autres institutions. Il s’agit de savoir si elle est capable d’avoir une politique unique”, a souligné à Bruxelles le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn.

Jugeant que “ce n’est pas le cas aujourd’hui”, il les a encouragés à redoubler d’efforts pour y parvenir.

La tâche ne s’annonce pas aisée. Les Européens sont de fait souvent divisés sur les sujets économiques malgré le partage de la même monnaie, comme l’ont longtemps montré leurs divergences sur l’attitude à adopter face à la dépréciation du dollar, avant qu’ils ne décident ces derniers mois de s’exprimer de façon plus concertée sur les taux de change.

“Aucun pays n’est suffisamment fort pour défendre ses intérêts tout seul”, a cependant mis en garde M. Almunia, estimant “pressante” la nécessité de progresser vers plus de coordination dans ce domaine.

 15/05/2008 19:38:17 – © 2008 AFP