Tunisie – Allemagne : Des relations économiques au beau fixe

Par : Tallel

Il est incontestable que l’Allemagne et la Tunisie ont toujours entretenu
d’étroites relations dynamiques. La Chambre Tuniso-Allemande de l’Industrie
et du Commerce (CTAIC) a à ce niveau sûrement joué un rôle important.

 

La Tunisie est le 3ème fournisseur de l’Allemagne et le 1er
importateur de produits allemands dans la région. L’Allemagne, quant à elle,
est le 3ème partenaire commercial de la Tunisie avec une part de
7,9% dans le volume global des importations et des exportations tunisiennes.

 

Les principaux produits échangés entre la Tunisie et l’Allemagne sont le
textile et l’habillement, les pièces et les machines mécaniques et
électriques, le cuir et la chaussure, le matériel de transport, le plastique
ainsi que les produits de la mer.

 

Une analyse comparative de l’évolution des échanges commerciaux entre
l’Allemagne et la Tunisie au cours des 50 dernières années laisse
apparaître, qu’hormis de courtes périodes se situant entre 1967 et 1969,
1974 et 1975, 1994 et 1996, les exportations allemandes vers la Tunisie ont
toujours été plus élevées que les importations à partir de la Tunisie, le
déficit de la balance commerciale de la Tunisie avec l’Allemagne s’étant
considérablement accentué au cours des trois dernières années.

 

Il est également aisé de constater que le volume des échanges entre les deux
pays a considérablement augmenté depuis les années 70, suite notamment à
l’implantation en Tunisie d’entreprises allemandes ou à participation
allemande au capital, exécutant pour la plupart des commandes de fabrication
de leur maison mère dans le cadre de la fameuse loi 72/38. En effet, selon
les données statistiques de la FIPA, 260 entreprises à participation
allemande, dont 195 opérant dans le secteur industriel, emploient de Bizerte
à Tataouine plus de 35 000 personnes, tout en contribuant à « pérenniser
plusieurs milliers d’emplois en Allemagne grâce à une péréquation de coût
entre sites du Nord et du Sud de la Méditerranée », comme n’a pas manqué de
le souligner le Ministre de l’Industrie, de l’Energie et des PME, Afif
Chelbi, au mois de mai 2007, lors de la dernière AG de la Chambre
Tuniso-Allemande de l’Industrie et du Commerce (CTAIC).

 

La contribution de la CTAIC à l’essor des relations économiques bilatérales
au cours des ses 29 années d’activité est indéniable. En effet, depuis sa
création en 1979, elle œuvre à attirer des IDE en Tunisie, notamment dans la
confection, la chaussure, le câblage, les composants automobiles, les
services et les télécommunications. Puis, une fois sur place, elle les
accompagne tout au long de leur projet, en les incitants à développer
davantage leurs activités. Plusieurs sociétés ont ainsi étendu leurs
activités soit par des projets d’extension ou en investissant dans de
nouvelles gammes. La CTAIC s’est ainsi établie en tant que centre
d’information, de conseil et de soutien pratique mais aussi en tant que
moteur de promotion des relations économiques tuniso-allemandes.

 

Les chiffres en témoignent : le volume des échanges commerciaux
tuniso-allemands a enregistré une croissance de près de 400%, passant de
537,11 millions d’euros en 1979 à 2,1 milliards en 2007. Le nombre
d’entreprises allemandes accordant leur confiance à la Tunisie s’est
également multipliée par huit, au cours de cette même période, passant de 32
entreprises en 1979 à 260 en 2007. De plus, à partir des années 90, les
entreprises à participation allemande ont dépassé l’effet purement
quantitatif sur l’emploi en investissant dans la formation en entreprise.
Elles représentent aujourd’hui, non sans le concours de la CTAIC, un pilier
important pour le projet de pérennisation de la formation professionnelle
selon le modèle allemand de formation en alternance. Par ailleurs, la
tendance va nettement vers une augmentation de la valeur ajoutée locale.
Dans le secteur de l’habillement, on enregistre une amélioration de la
qualité et une intégration croissante vers une co-traitance (délocalisation
de la coupe, de l’approvisionnement et des services logistiques) et de
propres collections, bien loin de la sous-traitance passive, où la seule
valeur ajoutée locale consistait en la couture (simple montage) de pièces
importées prédécoupées. Les entreprises du secteur électromécanique, quant à
elles, délocalisent une plus grande partie de leurs activités vers la
Tunisie et notamment le développement. Dans le secteur des composants
automobiles, divers produits spécialisés ainsi que des systèmes entiers sont
aujourd’hui fabriqués en Tunisie. Le fait qu’un grand nombre d’ingénieurs
diplômés des universités allemandes soit disponibles en Tunisie est dans ce
contexte un atout supplémentaire.

 

Ces chiffres témoignent des bienfaits d’une coopération tuniso-allemande
gagnant- gagnant qui s’inscrit dans la durée.