[17/05/2008 06:04:08] RYAD (AFP) L’Arabie saoudite a annoncé vendredi avoir augmenté sa production de 300.000 barils par jour en mai, le jour où le président George W. Bush entreprenait une nouvelle démarche auprès du roi Abdallah pour soulager l’économie et l’automobiliste américains. Aussi bien l’Arabie saoudite que la Maison Blanche ont cependant paru diminuer la portée de cette décision que Stephen Hadley, haut conseiller de M. Bush, s’est gardé de présenter comme un succès, malgré l’importance de la question aux Etats-Unis. Selon M. Hadley, les Saoudiens ont dit aux Américains qu’une telle augmentation n’aurait pas d’incidence spectaculaire sur les prix. Peu après l’arrivée de M. Bush à Ryad, les cours du pétrole ont établi de nouveaux records à 126,34 dollars pour le baril de Brent londonien et 127,82 dollars pour le light sweet crude à New York. L’Arabie saoudite a augmenté sa production de brut de 300.000 barils le 10 mai et produira en juin 9,45 million de barils/jour, a indiqué le ministre du Pétrole de la première puissance pétrolière mondiale, Ali Al-Nouaïmi. Selon lui, l’Arabie saoudite répondait ainsi à la demande d’une cinquantaine de clients, mais l’essentiel des 300.000 barils répondait à la demande des Etats-Unis.
“Chacune des demandes de nos clients recevra une réponse favorable”, a dit M. Nouaïmi. Cependant, ces propos laissent entendre qu’il s’agit d’une réponse ponctuelle, loin d’une intervention de l’Arabie saoudite pour que l’Opep relève ses quotas, comme le voudraient les Etats-Unis. M. Nouaïmi a souligné à nouveau que le marché ne manquait pas de pétrole, que l’offre et la demande s’équilibraient et que la flambée des prix n’était pas due principalement à un approvisionnement insuffisant, mais à une conjonction de facteurs, dont la faiblesse du dollar, la spéculation sur le pétrole comme valeur qui rapporte et les incertitudes géostratégiques. M. Bush, arrivé dans l’après-midi en provenance de Tel-Aviv, tentait à nouveau sa chance auprès du roi Abdallah après avoir essuyé une fin de non-recevoir polie lors d’une précédente visite en janvier. L’envolée des cours du brut et du prix de l’essence ajoute aux difficultés de l’économie américaine et provoque la grogne des automobilistes, au point d’être devenu un sujet majeur de la campagne présidentielle. Les experts s’attendaient à un nouveau refus de l’Arabie saoudite. Mais certains faisaient valoir qu’elle pouvait commencer à se montrer sensible à la pression croissante des opinions chez ses clients. A Washington, le département de l’Energie a annoncé que les Etats-Unis allaient suspendre le remplissage de leurs réserves stratégiques pour le second semestre. M. Bush avait pourtant estimé fin avril que cette mesure aurait un impact négligeable. Mais le Congrès américain a voté mardi une résolution appelant à une telle suspension d’ici à la fin de l’année.
Au moment où M. Bush se préparait à quitter Washington, ses adversaires démocrates au Sénat ont aussi présenté une résolution visant à bloquer des ventes d’armes d’un montant de 1,4 milliard de dollars à l’Arabie saoudite si elle n’augmentait pas sa production. Selon les experts, le roi Abdallah risquait aussi de prêter une oreille attentive à ce que M. Bush comptait lui dire sur les moyens d’endiguer l’expansion de l’influence iranienne dans la région, sujet d’une vive inquiétude pour les deux hommes, au cours des entretiens qu’ils ont eus dans le ranch de Janadriyah (environ 45 km de Ryad), où le roi élève des purs-sangs. Les relations entre les deux grands alliés ont beaucoup souffert des attentats du 11-Septembre, dont 15 des 19 auteurs étaient des Saoudiens, ainsi que de la guerre en Irak, à laquelle l’Arabie Saoudite était opposée. M. Bush comptait demander au roi d’user de son influence pour favoriser la paix entre Israéliens et Palestiniens et la stabilisation en Irak et au Liban. L’administration Bush voudrait voir l’Arabie Saoudite montrer l’exemple aux autres pays arabes en envoyant un ambassadeur à Bagdad. Avant l’arrivée de M. Bush, la Maison Blanche a annoncé la conclusion de quatre accords bilatéraux, dont l’un pour renforcer la protection des infrastructures pétrolières saoudiennes contre les attaques terroristes. Les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite devaient également signer un mémorandum de coopération dans le domaine du nucléaire civil, afin de préparer l’accès de l’Arabie à des sources de combustible pour des réacteurs nucléaires. |
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