Les hommes d’affaires français investissent de plus en plus dans le vin

 
 
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Fûts au domaine Flechas de los Andes à Tunuyan en Argentine, géré par Laurent Dassault (Photo : Daniel Garcia)

[17/05/2008 14:44:18] PARIS (AFP) Dassault, Arnault, Pinault, Bouygues, Leclerc mais aussi Mestrallet (Suez) et Dubrule (Accor): les grands patrons français investissent dans des vignobles prestigieux, pour le plaisir, faire des affaires mais aussi pour leur image auprès des clients étrangers.

“Mon grand-père Marcel a été le premier industriel français en 1955 à acheter un domaine viticole, mais il a été imité par beaucoup d’autres depuis”, rappelle à l’AFP Laurent Dassault, le petit-fils du fondateur du groupe aéronautique qui gère le Château Dassault, un Saint Emilion, et des domaines en Argentine et au Chili.

“Le vin ne représente qu’une petite partie du chiffre d’affaires du groupe mais nous apporte une image considérable auprès de nos clients, surtout les Américains, les Russes et les Chinois”, souligne-t-il.

M. Dassault est aussi fier de pouvoir faire visiter à ses clients le mythique Cheval-Blanc, propriété de Bernard Arnault (LVMH) et du baron belge Albert Frère, et dont la famille Dassault possède une petite partie.

Michel-Edouard Leclerc, le patron des centres éponyme, mêle lui aussi habilement plaisir et affaires. “Les centres Leclerc achètent 550.000 des 750.000 bouteilles produites par le Château Roques Mauriac acquis par mon père Edouard”, confie-t-il.

Beaucoup d’autres affirment plutôt faire oeuvre de “mécénat”, en attendant d’éventuels bénéfices, comme Pierre Guénant, patron du groupe PGA (distribution automobile et matériel de BTP), propriétaire du Château Beaulieu, près d’Aix-en-Provence (sud).

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La baronne de Rotschild et l’homme d’affaires Laurent Dassault inaugurent le domaine de Flechas de los Andes en Argentine, le 10 mars 2006 (Photo : Daniel Garcia)

“J’ai toujours perdu de l’argent, encore 150.000 à 250.000 euros par an, depuis que j’ai acheté le Château Lagrezette il y a 28 ans, même si j’ai fait connaître l’appellation Cahors dans le monde entier”, dit Alain-Dominique Perrin, ex-PDG de Cartier et administrateur du groupe suisse Richemont.

Fille de Jacques Durand, le fondateur d’Arc International (ex-Cristallerie d’Arques), Catherine Péré-Vergé explique qu’il décide “de la date des vendanges et participe aussi aux assemblages” de ses quatre châteaux dans le Bordelais. Sans oublier, business oblige, de créer un verre “oenologue” pour le groupe familial.

Florence Rogers, belle-fille de François Pinault, le fondateur du groupe PPR (luxe et distribution), se trouve depuis 1998 à la tête du célèbre Château Latour, propriété de la holding familiale Artemis.

D’autres ont carrément changé de vie pour assouvir leur passion. C’est le cas d’Olivier Decelle (ex-PDG des magasins de surgelés Picard) et Daniel Cathiard (ex-PDG de GO sport).

“Le retour sur investissement n’est pas immédiat mais c’est une bonne affaire car la propriété prend beaucoup de valeur”, reconnaît M. Cathiard, propriétaire du Château Smith Haut-Lafitte et pionnier des spas de vinothérapie.

Pour M. Decelle, qui a acquis le Mas Amiel dans les Pyrénées-Orientales et Château Jean Faure à Saint-Emilion, “ce n’est pas extrêmement rentable mais quand on veut courir en Formule 1, il faut pouvoir se payer une écurie”.

Un rêve qui a incité les frères Martin et Olivier Bouygues à s’offrir en 2006, pour 140 millions d’euros, le Château Montrose, un Saint-Estèphe, en souvenir de leur père Francis dont c’était le vin favori.

 17/05/2008 14:44:18 – © 2008 AFP