Safran poursuit son implantation au Mexique, une terre fertile et dollarisée

 
 
photo_1211095058932-1-1.jpg
Le président du directoire du groupe Safran Jean-Paul Hertemen tient une conférence de presse, le 14 février 2008 à Paris (Photo : Martin Bureau)

[18/05/2008 07:20:05] QUERETARO (AFP) Le groupe français Safran (aéronautique, défense, sécurité) vient d’ouvrir son sixième site au Mexique, un bon terrain d’implantation en zone dollar pour une société qui cherche à limiter les effets de l’euro fort.

“Nous consacrons chaque année 150 millions d’euros aux investissements à l’étranger. J’ai inauguré 11 sites à l’étranger en un an, 3 en Chine, 3 aux Etats-Unis et 3 au Mexique, mais notre noyau industriel reste l’Europe”, explique le président du directoire du groupe Safran, Jean-Paul Herteman.

Les délocalisations à l’international? “C’est la seule façon de lutter contre l’effet du dollar (…) Sur les trois dernières années, la baisse du dollar nous a coûté un milliard d’euros de résultats”, estime le patron de Safran lors d’un entretien avec des journalistes à Queretaro (centre du Mexique).

“Pour 2008, insiste-t-il, l’effet négatif sera de 700 millions d’euros”, heureusement “nos gains de productivité nous permettent de compenser la baisse du dollar”.

Le groupe Safran, né de la fusion de Snecma (motoriste et équipementier aéronautique) et Sagem (électronique de défense et télécommunications), a réalisé un chiffre d’affaires de 12 milliards d’euros en 2007.

Dans le cadre de sa stratégie internationale, Safran a créé six filiales au Mexique: maintenance de moteurs, train d’atterrissage, câblage, systèmes de connectique et équipements aéronautiques.

A Queretaro, à 200 km au nord de Mexico, Jean-Paul Herteman a inauguré vendredi Snecma America Engine Services (SAMES), qui assure la maintenance des moteurs CFM 56-5 des Airbus A320, puis à l’horizon 2009, celle des CFM 56-7B des Boeing 737, deux moteurs construits en partenariat avec l’américain General Electric.

Quelques dizaines de mécaniciens mexicains (200 à terme) formés par des ingénieurs de Snecma démontent puis remontent des réacteurs après révision complète et remplacement des pièces défectueuses. L’usine a nécessité un investissement de 40 millions d’euros, selon le directeur de SAMES, François-Xavier Foubert.

Une joint venture avec l’espagnol ITP permet à SAMES d’utiliser son banc d’essai, trop cher à construire. SAMES est désormais prêt à recevoir les moteurs des avions de Mexicana de Aviacion et de l’américain Northwest Airlines qui étaient jusque là envoyés en France.

Depuis le pôle aéronautique de Queretaro, où opèrent également le canadien Bombardier et la filiale de Safran pour la maintenance des trains d’atterrissage, SAMES envisage de couvrir à terme les besoins de tous ses clients du continent américain, puis d’y assurer la maintenance de moteurs venant d’autres régions, si la capacité du site (objectif de 200 moteurs par an) le permet.

Les avantages du Mexique? “Une main d’oeuvre qualifiée, une administration pas trop bureaucratique et efficace, un coût du travail intéressant et des coûts de revient attractifs car le peso est lié au dollar”, répond le patron de Safran, qui note aussi que “la proximité des USA est intéressante”.

Le Mexique, champion du libéralisme économique, est lié par des traités de libre-échange avec une quarantaine de pays dont les Etats-Unis, le Canada, l’Union européenne et le Japon.

Safran est devenu le premier industriel de l’aéronautique au Mexique, avec 3.800 employés répartis dans trois région du pays. “Nous sommes plus que satisfaits des résultats”, dit Jean-Paul Herteman qui envisage d’y accroître encore sa présence, “il y a des réflexions en ce sens”, dit-il du bout des lèvres.

 18/05/2008 07:20:05 – © 2008 AFP