[18/05/2008 11:46:20] KIEV (AFP) La Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD) envisage un léger ralentissement de croissance dans sa zone cette année, et souligne que, si celle-ci a plutôt bien résisté à la crise du crédit jusqu’alors, une inflation exponentielle pourrait venir tout gâcher. La BERD, qui tient son assemblée générale à Kiev dimanche et lundi, prévoit que les 28 pays de sa zone d’activité — globalement l’ancien bloc soviétique — connaîtront une croissance de 6% cette année, ce qui marque un léger ralentissement par rapport aux 7,3% enregistrés l’an dernier, qui sont pour leur part au-dessus des attentes de la BERD. Ses économistes ont estimé que ses pays ont généralement “résisté d’une manière surprenante face aux perturbations des marchés internationaux du crédit”. En particulier parce que les banques de la région ont eu “peu ou pas” d’exposition aux produits financiers complexes issus des crédits immobiliers subprime américains. Mais la BERD note que déjà, “une plus grande aversion au risque de la part des investisseurs internationaux a créé quelques problèmes”, notamment au Kazakhstan, très dépendant du financement international. “Toute période étendue de ralentissement économique mondial aura certainement un effet sur la croissance de la région (d’activité) à moyen terme”, a-t-elle prévenu. La BERD s’est surtout alarmée dimanche du bond de l’inflation, à deux chiffres dans de nombreux pays de la zone. “C’est vraiment notre principale préoccupation”, a expliqué le chef économiste Eric Berglöf lors d’une conférence de presse. Le pire est atteint par l’hôte de la réunion, l’Ukraine, où la hausse des prix a atteint 30% en rythme annuel en avril, un contraste avec la zone euro voisine, où la Banque centrale européenne s’alarme parce que l’inflation persiste à tourner autour de 3% au lieu des 2% souhaités. La BERD remarque qu’un moindre apport de capitaux étrangers, auquel s’ajouterait une hausse des taux d’intérêt destinée à combattre l’inflation, pourrait réduire dangereusement la croissance du crédit domestique et limiter celle de l’investissement domestique. “Certes ce mouvement (de forte inflation) peut être partiellement temporaire”, reconnaît M. Berglöf, avec “des prix alimentaires dont on peut espérer qu’ils ne vont pas croître toute la vie”, et des prix de l’énergie “qui devraient se stabiliser”, mais la BERD estime que beaucoup de problèmes structurels restent à régler. Elle recommande ainsi davantage d’investissement public et privé dans l’efficacité énergétique “afin de compenser l’impact de prix de l’énergie durablement élevés”. Elle estime aussi qu’il faudrait renforcer les efforts du côté de l’offre agricole. En revanche, elle juge “inefficace” un contrôle des prix et des restrictions sur le commerce des denrées agricoles. Au total, la BERD envisage cette année une croissance plus différenciée que d’habitude dans sa région, avec une meilleure performance, mais à court terme, pour les pays exportateurs de matières premières ou pour ceux qui différeront les mesures anti-inflationnistes souhaitées par la banque. La croissance devrait atteindre 4,7% (contre 5,9% en 2007) en Europe centrale et dans les Pays baltes, soit 0,5 point de moins que dans ses prévisions de novembre. Elle sera de 5% (contre 6% espéré en novembre) dans les pays d’Europe du Sud-est après 6,1% l’an dernier. Enfin, elle devrait atteindre 7% (inchangé) pour les pays de la Communauté des Etats indépendants (CEI), après 8,4% l’an dernier, la Russie continuant à soutenir l’ensemble. |
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