Stiglitz : la situation en Europe “n’est pas aussi mauvaise” qu’aux Etats-Unis

 
 
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Le prix Nobel d’Economie et professeur à l’université de Columbia, Joseph Stiglitz pose, le 14 février 2008 à La Défense (Photo : Pierre Verdy)

[18/05/2008 11:44:09] PARIS (AFP) La situation de l’économie et du pouvoir d’achat en Europe et en France “n’est pas aussi mauvaise” qu’aux Etats-Unis, juge le prix Nobel américain d’économie, Joseph Stiglitz, dans un entretien à l’hebdomadaire français le Journal du Dimanche.

“Votre situation n’est pas aussi mauvaise que la nôtre. L’Europe est moins exposée que l’Amérique aux excès du système bancaire. Votre problème, c’est l’euro fort”, estime M. Stiglitz.

Interrogé sur la baisse du pouvoir d’achat en France, l’économiste assure qu'”aux Etats-Unis, c’est pire!” et que “par comparaison, l’économie française s’en sort plutôt bien, même si elle ne crée pas beaucoup d’emplois”.

Outre-Atlantique, “les salaires sont en berne depuis 1999, beaucoup de gens vont mal, et pas seulement les plus pauvres. La classe moyenne aussi est touchée puisque les fruits de la croissance sont allés aux gros actionnaires et aux dirigeants”, ajoute-t-il.

“Quand vous perdez votre emploi aux Etats-Unis, vous perdez aussi l’assurance-maladie et l’assurance-chômage ne vous verse qu’un tiers du salaire pendant six mois. Mais les Américains continueront toujours à croire en un avenir meilleur, même dans les situations les plus terribles”, dit-il encore.

Sur la crise des “subprimes”, M. Stiglitz “reste très pessimiste”, doutant des analyses qui évoquent une fin proche des turbulences.

“De nombreux banquiers redoutent que les autorités américaines ne leur imposent davantage de règles. Ils tentent donc de faire croire à des scénarios optimistes. Et les Banques centrales essayent de se montrer sereines pour éviter de déprimer davantage les gens. Mais les meilleures estimations suggèrent que les prix de l’immobilier devraient encore reculer de 30 à 50%”, souligne-t-il.

L’économiste est à la tête d’une commission chargée par le président français Nicolas Sarkozy de mener une réflexion sur la croissance afin de prendre en compte le bien être économique, dont les conclusions sont attendues au printemps 2009.

 18/05/2008 11:44:09 – © 2008 AFP