[18/05/2008 13:27:17] LIMA (AFP) Européens et Latino-Américains ont resserré les rangs lors du sommet de Lima, faisant taire leurs divisions face à l’urgence climatique et la crise alimentaire, sans toutefois déboucher sur des avancées spectaculaires. Ce cinquième sommet Amérique latine/Union européenne, qui a réuni vendredi une cinquantaine de chefs d’Etat, s’est achevé par de bonnes intentions, avec une “déclaration de Lima” recommandant une série de mesures pour lutter contre le réchauffement de la planète et la pauvreté. “C’est le sommet d’une prise de conscience assez spectaculaire des nouvelles problématiques comme la crise alimentaire et le réchauffement climatique”, a affirmé à l’AFP Pierre Charasse, l’ambassadeur de France, dont le pays va assurer en juillet la présidence de l’UE et donc le suivi des accords de Lima. Cette atmosphère apaisée a permis à l’UE et la Communauté andine des nations (CAN) de débloquer enfin des négociations commerciales, en vue d’un accord de libre-échange. Les Européens vont pouvoir négocier pays par pays afin de contourner les divergences entre les dirigeants de gauche (Bolivie et Equateur) opposés à cet accord et les libéraux qui le soutiennent (Pérou et Colombie). “L’Union européenne garde une capacité d’attraction”, s’est félicité auprès de l’AFP un haut fonctionnaire européen, en faisant remarquer que cette rencontre avait été longtemps en suspens. L’Europe paraît en revanche toujours embarassée dans les négociations avec ses partenaires du Mercosur, le marché commun sud-américain (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay et Venezuela en cours d’adhésion). “On ne peut être naïf car ce genre de sommets se termine presque toujours par des déclarations pompeuses et des discours vigoureux qui sont ensuite balayés par le vent”, note Augusto Rodrich, l’éditorialiste du quotidien Peru 21. “On attendait une rencontre marquée par des désaccords spectaculaires et le manque de résultat. Mais aucun de ces deux extrêmes ne s’est produit”, estime Aldo Panfichi, professeur de sciences politiques à l’Université Catholique de Lima.
“Cela a été un relatif succès car l’Europe et l’Amérique latine partagent la même crainte face à des urgences communes”, poursuit cet expert, dans un entretien avec l’AFP. La vraie suprise aura finalement résidé dans l’absence d’esclandres et autres polémiques qui entourent souvent la présence du bouillant président vénézuélien Hugo Chavez. Annoncé comme le trublion, le chef de file de la gauche anti-libérale a adopté un profil bas lors du sommet qui intervenait en pleine polémique sur ses liens avec la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc). M. Chavez, qui a évité de croiser son homologue colombien Alvaro Uribe, s’est même excusé auprès de la chancelière allemande, Angela Merkel, après l’avoir accusée la semaine dernière d’appartenir à la même droite qu’Adolf Hitler. Il a aussi rencontré en privé le chef du gouvernement espagnol Jose Luis Zapatero pour renouer des liens refroidis depuis son altercation avec le roi d’Espagne Juan Carlos, lors du sommet iberoaméricain de Santiago en novembre dernier. La seule fausse note est venue au lendemain du sommet de la part de ses alliés bolivien Evo Morales et équatorien Rafael Correa. M. Morales a fustigé plusieurs dirigeants, sans les nommer, déplorant que “certaines propositions relèvaient de la pure démagogie”, tandis que M. Correa a accusé l’Union européenne de pratiquer une “double morale”. |
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