Un nouveau rebondissement dans le feuilleton de la fusion GDF Suez

 
 
photo_1211374448797-1-1.jpg
Les PDG de Suez Gérard Mestrallet (G) et de Gaz de France Jean-François Cirelli (D), à Paris le 3 septembre 2007 (Photo : Pierre Verdy)

[21/05/2008 12:59:38] PARIS (AFP) Gaz de France est à nouveau assigné en justice dans le cadre de sa fusion avec Suez, cette fois par le secrétaire CGT de son comité central d’entreprise (CCE), dernier épisode d’un feuilleton économico-judiciaire qui n’en finit plus de rebondir depuis début 2006.

Le CCE de GDF avait été convoqué par la direction pour rendre son avis sur la fusion le 26 mai, une étape déjà maintes fois reportée mais indispensable à la poursuite de l’opération.

Or, le secrétaire du CCE Eric Dulon (CGT) a assigné le groupe “en référé d’heure à heure devant le TGI de Paris” pour contester la tenue de cette réunion, a indiqué mercredi à l’AFP Jean-François Cirelli, PDG de GDF, confirmant une information des Echos.

Mais GDF n’a “pas l’intention de décaler sa demande d’avis”: “c’est toujours le 26”, a martelé M. Cirelli.

Dans cette assignation, dont une copie a été transmise à l’AFP, M. Dulon demande de “suspendre la réunion du CCE”, convoquée “unilatéralement”.

L’audience a été fixée à 14 heures, jeudi.

“Je conteste l’ordre du jour et je réclame une nouvelle réunion d’information car je considère que nous n’avons pas tous les éléments nécessaires pour rendre notre avis”, a indiqué M. Dulon à l’AFP.

“Nous voulons des réponses concrètes sur le devenir du personnel, on nous parle d’une structure commune sans nous dire précisément combien de personnes elle regroupera”, a-t-il précisé, évoquant “par exemple” des “incertitudes” sur le nombre de comptables de la nouvelle entité.

Vendredi, la CGT avait réclamé des négociations sur les garanties sociales des salariés, ce que le PDG a accepté lundi.

Côté direction, c’est “l’incompréhension totale”: “Nous avons le sentiment d’avoir complètement répondu aux interrogations, aux attentes”, a souligné M. Cirelli.

La fusion était prévue initialement avant fin juin, même si les deux dirigeants n’avaient pas exclu récemment un report de quelques semaines, mais ce nouveau recours judiciaire pourrait encore la repousser.

Après l’avis du CCE, négatif ou positif, les conseils d’administration des deux groupes pourront approuver la fusion avant le vote des assemblées générales 40 jours plus tard entérinant le rapprochement.

Les investisseurs doutaient cependant fortement de la possibilité d’un nouveau retard et les actions Suez et GDF prenaient respectivement 0,75% et 0,95%, vers 11H15 GMT, dans un marché en baisse de 0,38%.

“Les syndicats ont eu tout à fait le temps d’étudier le dossier (…) il est très improbable que le juge accepte un nouveau délai”, a commenté un analyste.

L’initiative de M. Dulon divise par ailleurs les syndicats, la CFDT l’accusant d”‘outrepasser ses droits” tandis que FO, “pas convaincu” que le dossier du recours soit “aussi construit qu’avant”, juge “surprenant que (le secrétaire du CCE) ait agi seul”.

L’avis du CCE, attendu initialement pour fin décembre 2007, a déjà été reporté à plusieurs reprises, notamment après une décision judiciaire le 22 janvier obligeant la direction à fournir des éléments d’information complémentaires.

L’élection d’un nouveau CCE en début d’année, où pour la première fois la CGT n’est pas majoritaire, a également obligé l’instance à reprendre le dossier à zéro.

En 2006, la justice avait déjà donné raison au comité d’entreprise européen (CEE) de GDF qui exigeait plus d’informations, entraînant le report de plusieurs mois du premier projet de fusion annoncé début 2006.

La fusion avait été relancée en septembre 2007 après d’âpres négociations avec l’Elysée et la présentation d’un nouvel ensemble dans lequel l’Etat détiendrait 35,6%.

 21/05/2008 12:59:38 – © 2008 AFP