[20/05/2008 16:17:40] BRUXELLES (AFP) La Commission européenne présente mardi des propositions pour permettre aux agriculteurs de produire plus face à la hausse de la demande et la flambée des prix agricoles mondiaux, mais entend aussi limiter certaines aides, ce qui suscite de nombreuses critiques. Dans un document qu’elle doit présenter dans l’après-midi, mais dont le contenu a déjà largement filtré, la commissaire à l’Agriculture Mariann Fischer Boel veut en particulier supprimer les jachères, cette obligation faite aux exploitants de geler 10% de leurs terres chaque année. Elle entend aussi relever progressivement les quotas laitiers européens, créés en 1984 à l’époque pour lutter contre la surproduction, avant leur disparition définitive en 2015. Autant de mesures destinées à permettre à l’UE de répondre à une demande croissante, en provenance des pays émergents d’Asie ou d’Amérique latine notamment, où les habitudes de consommation changent avec le développement économique et se rapprochent de celles des pays industrialisés. Ces mesures devraient être approuvées sans grande difficulté par les Etats européens, qui auront le dernier mot sur le sujet durant la présidence française de l’UE au second semestre. Les autres volets de “bilan de santé” de la Politique agricole commune (PAC) européenne, qui constitue de fait une réforme ne disant pas son nom, sont beaucoup plus controversés.
Bruxelles, poursuivant la logique d’une précédente réforme en 2003, entend remettre en cause en parallèle divers mécanismes de soutien aux prix de denrées agricoles et mettre fin à tout lien entre le niveau des subventions versées aux exploitants et le volume de leur production (“découplage” dans le jargon européen), alors que plusieurs exceptions ont été maintenues. A l’avenir, les aides devraient être calculées sur une base forfaitaire pour tous, liées par exemple à la taille des exploitations. Elle veut en outre transférer davantage de fonds des subventions à la production vers des projets beaucoup plus larges de développement des régions rurales ou environnementaux. Cet aspect est particulièrement critiqué par les grandes puissances agricoles de l’UE que sont la France et l’Allemagne, et par les exploitants, qui le juge paradoxal alors que Bruxelles prétend vouloir au contraire encourager la production. “Il n’est tout simplement pas opportun en ce moment de transférer des ressources servant à soutenir le rôle de production des agriculteurs européens”, a estimé la confédération agricole européenne (Copa-Cogeca). Au-delà de ce bilan de santé, se joue une bataille plus large au sein de l’UE entre éternels partisans et adversaires de la PAC, attisée par la crise alimentaire mondiale. “La crise alimentaire nous donne une raison de préserver cette capacité de production que nous avons en Europe”, a assuré lundi soir le ministre français de l’Agriculture Michel Barnier à Bruxelles. “Nous devons éviter le danger de revenir en arrière en ce qui concerne le fonctionnement de la PAC”, lui a répondu son homologue britannique Hilary Benn, en appelant de ses voeux à une large réforme. Pour Londres, les subventions et barrières douanières agricoles européennes pénalisent les pays pauvres et maintiennent artificiellement les prix élevés. Une position défendue par les pays émergents comme le Mexique, dont le président Felipe Calderon a mis en cause lundi les aides européennes et américaines, responsables à ses yeux d’avoir contraint nombre de ses paysans “à abandonner la terre”. |
||||
|