Ernst & Young publie sa 10ème enquête mondiale sur la corruption et la
fraude en entreprise.
Les entreprises françaises se déclarent moins confrontées à la corruption
que le reste du monde.
Les entreprises françaises manqueraient-elles de clairvoyance ? Elles se
déclarent moins confrontées à la corruption que le reste du monde dans la 10ème
enquête mondiale sur la corruption et la fraude en entreprise, publiée par
Ernst & Young.
A combien d’entreprises françaises a-t-on déjà demandé de commissions
occultes pour obtenir un contrat? Combien sont elles à avoir déjà perdu un
contrat face à un concurrent qui aurait, lui, versé un dessous de table ?
Quel est l’impact négatif le plus significatif pour une entreprise à la
suite d’une éventuelle fraude? Parmi les acteurs liés à une entreprise
(Investisseurs, fournisseurs, clients, salariés, etc.), lequel sera le plus
lourdement impacté en cas de fraude?
Les entreprises françaises se déclarent moins confrontées à la corruption
que le reste du monde.
L’enquête 2008 d’Ernst & Young révèle que seulement 6% des personnes
interrogées en France affirment qu’un cas de corruption ou de fraude s’est
déjà produit dans leur entreprise contre 10% en Europe de l’Ouest et presque
un quart (24%!) au niveau mondial.
10% des salariés interrogés en France, déclarent qu’une commission occulte a
déjà été demandée à leur entreprise pour garder un contrat ou en obtenir un
nouveau, contre 23% dans le reste du monde.
Cependant, seulement 6%, déclarent en France que leur entreprise a perdu un
contrat face à un concurrent qui, lui, aurait versé une commission occulte.
Ce chiffre s’élève à 18% au niveau mondial.
La régulation anti-fraude a été renforcée partout dans le monde, une
perception d’autant plus forte en France.
La majorité (67%) des répondants de l’enquête au niveau mondial s’accorde à
penser que la régulation anti-fraude est aujourd’hui renforcée comparée à
2002. Cette tendance est encore plus forte en ce qui concerne la France où
ce chiffre atteint 82% des personnes interrogées. Ainsi, la France se
démarque sur ce point aussi bien du reste du monde que de l’Europe de
l’Ouest qui compte 68% de réponses positives.
Autre spécificité française dans la lutte anti-fraude, l’attention
particulière portée aux audits internes de la conformité aux régulations.
Ainsi, 64% des répondants Français les mentionnent en première place parmi
les mesures efficaces de gestion des risques de corruption et de fraude. Ce
chiffre n’atteint que 49% au niveau mondial, où l’on privilégie la vigilance
et les formations des salariés.
En France, la première conséquence d’une fraude est la fermeture de certains
marchés pour l’entreprise.
La majorité du panel français estiment que la conséquence la plus importante
d’une éventuelle fraude est un accès fermé de leur entreprise à certains
marchés.
Il est suivi par la crainte d’amendes et de pénalités (44%) et le frein au
développement futur de l’entreprise (34%). A l’inverse des entreprises
françaises, dans le reste du monde la peur d’amendes et de pénalités
financières est prédominante. Elle recueille l’avis de 45% des personnes
interrogées au niveau mondial et figure en première position des
conséquences négatives liées à une fraude. Elle est suivie par l’accès
bloqué à certains marchés (44%) et les freins au développement futur de
l’entreprise.
Les investisseurs : premières victimes de la fraude en entreprise.
Au niveau mondial, les résultats de l’enquête démontrent que les
investisseurs sont ceux qui sont le plus lourdement touchés par une
accusation de fraude ou de corruption de l’entreprise (selon 54% des
répondants). Ils sont suivis des clients (en deuxième position avec 47%) et
du grand public (troisième place avec 41%).
En ce qui concerne la France, les investisseurs restent les premières
victimes de la fraude avec 50% des voix. Les salariés ne sont cités qu’en
troisième place parmi les «victimes» d’une fraude.
Les répondants français semblent également relativiser les conséquences
négatives sur les clients et le grand public par rapport à leurs homologues
au niveau mondial.
«Aujourd’hui en France, la prévention de la fraude n’est plus considérée
comme un simple équilibre entre coûts de la conformité aux réglementations
et montant des sanctions financières suite à une éventuelle fraude » analyse
Jean-Michel Arlandis, associé en charge du département Fraud Investigation
and Dispute Services (FIDS) chez Ernst & Young « Les entreprises ont pris
conscience que les impacts d’une fraude dépassent le seul aspect financier.
Elles accroissent leur vigilance, préférant ainsi perdre un contrat que
faire face à des risques de corruption».
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Méthodologie :
La 10ème édition de l’enquête Fraude : «Corruption or compliance
– weighing the costs» a été menée dans 33 pays en Amérique du Nord, Amérique
Latine, Europe, Afrique, Moyen Orient et Océanie. 1186 interviews anonymes
ont été réalisées avec des personnes sensibilisées aux problématiques
abordées dans l’étude, faisant partie des plus grandes entreprises de chaque
pays : DAF, responsables de l’audit interne, responsables juridiques et
d’autres cadres dans les domaines de la finance, de la gestion des risques,
de l’audit interne ou des directions juridiques. Le focus spécifique pour la
France est basé sur 50 interviews dans des entreprises françaises. Les
données sur l’Europe de l’Ouest portent sur 429 interviews réalisées en
Autriche, Belgique, France, Allemagne, Grèce, Italie, Pays-Bas, Espagne,
Suisse, Suède et le Royaume-Uni.
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