[23/05/2008 19:06:32] RENNES (AFP) Le ministre de la Pêche Michel Barnier a tenté vendredi de “rassurer” les pêcheurs en colère, qui ont continué à bloquer plusieurs ports pour obtenir des garanties sur le plan d’aide auquel Bruxelles a donné son accord “de principe”. “J’ai confiance dans l’esprit de responsabilité des marins-pêcheurs. Nous avons besoin de rassurer”, a déclaré M. Barnier en marge d’une rencontre à Rennes avec une dizaine de présidents de comités de pêche bretons. Ces derniers ont quitté la réunion en saluant des “avancées” vers l’objectif déclaré des pêcheurs: payer le litre de gazole 0,40 euro au lieu de 0,75 actuellement. Les pêcheurs auront “le gazole à 40 centimes”, pas “à la pompe” car “c’est formellement interdit par Bruxelles” mais par un système d’aide aux équipages, a précisé André Le Berre, président du comité des pêches de Bretagne. Chaque marin pourra “amener sa fiche de paie avec les carburants consommés par son navire et il sera remboursé de la différence”, a-t-il expliqué, soulignant que les aides seront “durables, quel que soit le prix du gazole”.
Les responsables devaient convaincre les pêcheurs, ce qui s’annonce délicat. “Il y a une crise de confiance de la base” vis-à-vis de leurs représentants comme du gouvernement, avertit Yannick Hemeury, président du comité de pêche de Paimpol (Côtes d’Armor). Le plan “a besoin d’être expliqué”, a insisté M. Barnier, assurant que l'”aide sociale” serait maintenue “au-delà de 6 mois” car “le problème est durable”. De son côté, le Premier ministre François Fillon a affirmé que Paris avait “l’accord des autorités européennes sur les dispositions” prévoyant une aide d’urgence de 110 millions d’euros devant être puisés dans le plan de 310 millions de janvier. “C’est un accord de principe”, a souligné une porte-parole de la Commission. M. Barnier a aussi annoncé la tenue le 29 mai d’une réunion sur “la formation et la transparence des prix dans la filière de la pêche” avec “les pêcheurs, les mareyeurs et la grande distribution”. Outre le prix du gazole, les pêcheurs se plaignent de la difficulté à vendre plus cher leur poisson, de la concurrence des produits d’importation et de la réduction des quotas de pêche au cabillaud.
Sur le terrain, des pêcheurs du Pas-de-Calais ont innové en menant pendant plusieurs heures une “opération escargot” dans le détroit du Pas-de-Calais, perturbant “fortement” la circulation des navires marchands, selon la préfecture maritime. Dans plusieurs villes comme Martigues ou Narbonne, les pêcheurs ont mené des actions coup de poing de distribution gratuite de poissons en vente dans les grandes surfaces. A Arcachon, des incidents les ont opposés à des mareyeurs. Sauf à La Rochelle, les accès de tous les dépôts pétroliers bloqués ces derniers jours ont été libérés, parfois par l’intervention des forces de l’ordre. Les navires sont restés à quai dans plusieurs ports, dont les Sables d’Olonne, où un vote est prévu samedi matin, Le Guilvinec qui restera en grève jusqu’à lundi, Cherbourg ou La Rochelle. La reprise du travail s’est en revanche amorcée dans d’autres, comme à Boulogne-sur-Mer ou au Croisic, . A l’étranger, l’envolée des prix du gazole a provoqué une manifestation de pêcheurs belges tandis que leurs homologues portugais ont annoncé une grève vendredi prochain, se plaignant notamment de la “concurrence déloyale” des pêcheurs français et espagnols soutenus par leurs gouvernements. Les pêcheurs espagnols pourraient manifester à Madrid à la fin du mois. |
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