[23/05/2008 13:27:12] PARIS (AFP) La consommation des ménages français a de nouveau décroché en avril, plombée par la hausse des prix et la stagnation du pouvoir d’achat des salariés, un mauvais augure pour la croissance au deuxième trimestre, après les chiffres meilleurs que prévu du premier. La consommation en produits manufacturés, qui ne représente qu’un quart de la consommation totale mais constitue un bon indicateur de la tendance globale, a reculé sur le mois de 0,8%, a annoncé vendredi l’Insee. Elle a cédé du terrain dans tous les secteurs, à l’exception des biens d’équipement du logement, en hausse de 1,6%. Seule consolation, les chiffres du mois de mars ont été révisés à la hausse: la consommation des ménages a reculé sur le mois de 1,0%, contre une précédente estimation de -1,7%. Mais sur un an, elle ne progresse que de 0,4%, “un plus bas depuis septembre 1997”, selon Marc Touati, de Global Equities. “C’est une nouvelle alerte très sérieuse pour la croissance française”, estime Alexander Law, économiste chez Xerfi. Pour Nicolas Bouzou, chez Asterès, “ce n’est plus une alerte, c’est un changement d’orientation avec lequel il faudra désormais composer: la consommation des ménages lâche”. A l’Insee, on se veut plus prudent: “Il est sans doute prématuré de parler du début d’une tendance lourde, la consommation des ménages reste un indicateur très volatil”, souligne à l’AFP Eric Dubois, chef du département de la conjoncture de l’institut.
Les économistes se rejoignent pour expliquer l’atonie de la consommation par la hausse de l’inflation: les prix augmentent désormais plus rapidement que les salaires de base, ce qui ponctionne mécaniquement le pouvoir d’achat. Celui-ci n’a augmenté que de 0,3% au premier trimestre 2008, rappelle Eric Dubois. En 2007, il avait progressé de 3,3% et en 2006 de 2,4%. En avril, les dépenses de consommation en textile-cuir accusent la plus forte baisse: elles reculent de 3% après s’être déjà repliées de 2,9% en mars. “En ces temps de tension sur le pouvoir d’achat, les Français sont obligés de procéder à des arbitrages très serrés” et “c’est l’habillement qui joue aujourd’hui le rôle de variable d’ajustement”, explique M. Law. La baisse des achats des ménages en automobile (-2,7% après -1,1% en mars) fait plonger les dépenses de consommation en biens durables, qui baissent de 0,6% en avril. “La vive progression du prix des carburants est, il est vrai, un terreau peu fertile pour les achats de voitures”, observe M. Law. Or si l’Insee s’attend, d’ici la fin 2008, à un “net infléchissement de l’inflation pour les prix alimentaires, l’incertitude est plus grande pour les prix du pétrole”, remarque Eric Dubois. Pour les économistes, la consommation pourrait ainsi régresser au deuxième trimestre. “Tout au plus, l’investissement des entreprises permettra de limiter la casse”, pronostique Marc Touati. Contrairement aux ménages, les entreprises ont fortement contribué à la croissance au premier trimestre, à la fois par leurs investissements (+1,8%) et leurs exportations (+3,1%), permettant à la croissance française d’afficher une hausse, plus forte que prévu, de 0,6%. Mais “si l’investissement des entreprises reste vigoureux, le commerce extérieur montre à nouveau des signes de faiblesse”, prévient Jean-Christophe Caffet, chez Natixis. Le déficit commercial de la France s’est en effet creusé en mars par rapport à février et pour M. Caffet, la croissance n’atteindra que 0,1% au deuxième trimestre. |
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