[23/05/2008 15:16:04] BRUXELLES (AFP) Le mécontentement monte en Europe face aux dernières propositions sur la table à l’OMC en vue d’un accord sur la libéralisation des échanges mondiaux, compliquant la tâche du négociateur de l’UE, Peter Mandelson, qui cherche coûte que coûte à arracher un compromis. Le commissaire européen au Commerce doit présenter lundi aux ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne les grandes lignes des nouveaux textes de compromis sur l’ouverture des marchés agricoles et industriels. Mais ces propositions, censées servir de cadre à un possible accord dans le cadre du cycle de Doha, lancé en 2001, sont loin de remporter l’adhésion des Européens. Ils pourraient “envoyer un message négatif au Commissaire” lundi, et lui demander de renégocier ces textes, selon une source diplomatique. “Tout le monde reconnaît que les nouveaux documents, surtout sur les produits industriels, sont très mauvais pour l’UE. Il y a très peu d’enthousiasme” et les Etats membres “pourraient les rejeter”, explique une source européenne. Alors même que les Etats européens n’étaient déjà pas satisfaits jusqu’ici des propositions discutées, les derniers textes de compromis montrent “une nouvelle dégradation des intérêts européens”, estime un diplomate français. Si le constat est largement partagé, il faudra “en tirer les conclusions”. “Moins que jamais, les conditions semblent réunies pour un accord à Genève”, renchérit-il. Les interminables négociations opposent principalement les pays du Sud aux pays du Nord. Les premiers dénoncent les subventions agricoles et protections douanières des pays riches, tandis que ces derniers demandent aux Etats émergents d’ouvrir davantage leurs propres marchés aux services et aux produits industriels. Or, si les nouvelles propositions diffèrent peu sur le plan agricole de leur précédente version –qui était pourtant loin de contenter certains Etats dont la France–, cette fois c’est surtout du côté des produits industriels que “la surprise est mauvaise”, relève une source diplomatique. Sur la table, un système à la carte pour les pays émergents qui devront ramener leurs droits de douane sous un maximum de 19% à 26%, une fourchette légèrement plus large que précédemment proposé. “La fourchette globale s’est élargie dans le bon sens pour les pays émergents et dans le mauvais sens pour les pays développés”, résume la source diplomatique, estimant que cela “va conduire les Européens à doubler les concessions agricoles par des concessions industrielles” alors qu’ils espéraient “un rééquilibrage”. L’organisation patronale européenne BusinessEurope a déjà fait part de ses “inquiétudes”, tandis que du côté des Etats, trois groupes devraient se dégager. Un groupe nettement critique devrait rassembler la France, l’Irlande, la Hongrie et la Pologne, explique une source européenne. Le Royaume-Uni, la Suède et la République tchèque devraient constituer le front des plus favorable, tandis qu’un groupe plus mitigé, et dont le positionnement sera “décisif”, serait mené par l’Allemagne. Une réunion des ministres concernés pourrait avoir lieu en juin, afin de tenter de finaliser les détails complexes de l’accord avant la fin de l’année et l’arrivée d’un nouveau président américain à la Maison Blanche, susceptible de tout remettre en cause. “Le jeu, ça va être de voir si l’on est prêts à dire +non+ et à accepter le risque d’un enlisement des discussions”, juge cette source. Mais, de toute façon, estime-t-elle, “vu le décalage dans le calendrier, les gens sérieux savent qu’il n’y a aucun espoir d’avoir un accord complet avant la fin de l’année”. |
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