[23/05/2008 09:37:34] PARIS (AFP) Après plusieurs semaines d’échanges acerbes dans les médias, l’assemblée générale du groupe français de services informatiques Atos Origin qui se tient jeudi va être le théâtre d’une âpre bataille entre la direction et ses premiers actionnaires, les fonds Centaurus et Pardus, avec pour enjeu une éventuelle mise en vente. Dans une société au capital très émietté, les fonds anglo-saxons, désormais présents à hauteur de 23,01%, pourraient l’emporter, une victoire qui déboucherait probablement sur une cession du groupe. Centaurus et Pardus plaident en effet pour une étude de toutes les options stratégiques, notamment “la conduite de discussions avec des acquéreurs intéressés, tant industriels que financiers”. “La société a besoin d’une stratégie agressive pour se développer dans une industrie très concurrentielle”, arguent-ils, tout en disant ne pas vouloir en prendre le contrôle et être opposés à son démantèlement. Ils avaient pourtant approché il y a quelques mois Paul Hermelin, directeur général du numéro un français Capgemini, pour lui proposer de racheter certaines activités d’Atos. Bien qu’intéressé, celui-ci a dit ne pas vouloir “participer à un découpage initié par des fonds spéculatifs”. Pour appuyer leurs revendications, les fonds réclament la nomination de deux représentants au conseil de surveillance de l’entreprise et de trois membres indépendants, ainsi que la révocation du président du conseil, Didier Cherpitel. Au nom de la “démocratie actionnariale”, ils ont réussi à rallier des soutiens de poids en la personne de Colette Neuville, présidente de l’Association des actionnaires minoritaires (Adam), de Michel Combes, PDG de Télédiffusion de France, et de Bernard Bourigeaud, à la tête d’Atos Origin jusqu’en septembre dernier. Des candidats rejetés en bloc par la direction qui dénonce une “prise de contrôle rampante”. “Si les deux fonds réussissaient leur coup d’Etat à l’issue du 22 mai, il y aurait un coup d’arrêt sur les commandes”, a récemment averti le président du directoire Philippe Germond, rappelant l’échec du précédent processus de mise en vente au printemps 2007 qui avait perturbé l’activité du groupe. A l’approche de l’AG, il se veut toutefois “confiant”: “les actionnaires croient en notre stratégie”, a-t-il estimé, mettant en avant la croissance organique de 5,3% enregistrée au premier trimestre. Après une année 2006 difficile, marquée par deux avertissements sur résultats, Atos Origin a lancé un plan de redressement qui “commence à porter ses fruits”, selon M. Germond qui espère que l’assemblée générale signera la fin du conflit avec les fonds. Rien n’est moins sûr toutefois: le vote pourrait ne pas être décisif et renvoyer les deux camps dos à dos. Selon une source proche du dossier, les investisseurs institutionnels s’orienteraient vers le schéma recommandé par le cabinet de conseil aux actionnaires RiskMetrics (ISS) et soutenir trois des candidats de Pardus et Centaurus. Autre inconnue à prendre en compte, la position de la Deutsche Bank qui, en montant vendredi à 6,26% du capital d’Atos, s’est érigée en arbitre. Sans oublier les actionnaires individuels, qui détiennent entre 8% et 10% de la société. Seule certitude, la nomination de Jean-François Cirelli, PDG de Gaz de France, et de René Abate, du Boston Consulting Group, qui font l’unanimité. De son côté, le personnel de la société de services informatiques, qui compte près de 50.000 employés dans le monde, dont 15.000 en France, a choisi de se ranger du côté de la direction, mettant en garde contre la “menace” que font planer les fonds sur l’emploi. |
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