Il aura fallu près d’une
année et le projet d’«Union méditerranéenne » -l’appellation initiale de
l’initiative du chef de l’Etat français- pour que l’Union européenne
accepte, enfin, de reconnaître les limites et les faiblesses du «Processus
de Barcelone» -sans en nier les retombées positives. En effet, après que le
dernier Conseil européen (13-14 mars 2008) ait approuvé le principe de la
création de «l’Union pour la Méditerranée», et invité la Commission
européenne à proposer les modalités de ce qui est désormais appelé
«Processus de Barcelone : Union pour la Méditerranée» -une manière de dire
que la seconde n’annule pas et ne remplace le premier, et vient seulement
pour le compléter-, Bruxelles a dresse un état des lieux des relations de
l’Union européenne avec ses voisins méditerranéens. Il en ressort un tableau
où les avantages et les acquis contrebalancent les limites et difficultés.
Acquis, d’abord. La
Commission européenne considère que le processus de Barcelone –«instrument
central des relations euro-méditerranéennes» qui «représente un engagement
fort en faveur de la stabilité régionale et de la démocratie à travers la
coopération régionale et l’intégration»- est loin d’avoir été inutile. Outre
qu’il a fourni «un cadre pour un engagement continu et le développement», le
partenariat euro-méditerranéen présente l’avantage, du point de vue
européen, d’avoir institutionnalisé le dialogue entre les deux rives de la
Méditerranée, et aidé les pays de la rive Sud à se réformer et à se
moderniser dans sur les plans économique et social. En matière de
renforcement de la démocratie et du pluralisme politique le bilan est,
reconnaît-on à Bruxelles, moins reluisant.
Le Processus de Barcelone
a également contribué, via les divers accords de coopération dans le domaine
de l’éducation, au développement humain et à la promotion «des valeurs
culturelles et sociétales dans la région». Mais dans tous ces domaines, les
pays sud-méditerranéens ont besoin d’ultérieures et «plus rapides réformes »
pour leur permettre de cueillir les fruits de la globalisation et du
libre-échange avec l’Union européenne.
En effet, constate la
Commission européenne, «les réformes économiques, le graduel libre échange
des produits industriels avec l’Union européenne, et les améliorations dans
la gouvernance économique, n’ont pas été suffisants pour attirer
l’investissement local et étranger dont on a besoin pour améliorer le niveau
de vie dans la région. La croissance a été bonne mais insuffisante. Les
réformes ont été encourageantes mais en deçà des attentes initiales. (…) Les
effets combinés de ces défaillances ont eu pour résultat un processus plus
lent qu’attendu. Et comme conséquence de l’insuffisante croissance et de
l’expansion démographique continue le fossé en matière de prospérité entre
l’UE et la plupart des pays européens s’est élargi et il n’y a pas eu de
réelles convergences économiques. La formule du commerce plus investissement
plus coopération est aussi pertinente qu’elle l’était en 1995. Et alors que
l’UE peut faire plus pour promouvoir le commerce, l’investissement et la
coopération dans la région, les pays de la région ont le plus grand besoin
de saisir les opportunités comme une partie de leurs politiques économiques
locales».
Au total, bien qu’il ait
connu «une forte promotion des relations bilatérales et multilatérales», le
partenariat euro-méditerranéen a aujourd’hui «besoin d’un changement
qualitatif et quantitatif, afin d’augmenter l’investissement et la création
d’emplois et d’optimiser l’utilisation des ressources humaines».
|