Le prix du pétrole devient une menace pour les compagnies aériennes

 
 
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écembre 2007 sur le tarmac de l’aéroport Fiumicino à Rome (Photo : Andreas Solaro)

[25/05/2008 10:51:25] PARIS (AFP) Le prix du pétrole est devenu une menace pour les compagnies aériennes, qui mettent publiquement en garde sur les dangers de cette flambée frappant d’abord les groupes américains, moins bien armés et affectés par le ralentissement économique aux Etats-Unis.

“Il est désormais clair que le carburant représente le plus important défi pour le secteur des compagnies aériennes”, résument les analystes de la Deutsche Bank dans un note.

Alors que les cours du pétrole évoluent à des niveaux records, entre 130 et 135 dollars le baril, Air France-KLM a ainsi prévenu jeudi que ses résultats allaient en pâtir pour son exercice en cours.

La compagnie franco-néerlandaise table sur un bénéfice d’exploitation en forte baisse “autour d’un milliard d’euros” en 2008-2009, contre 1,405 milliard en 2007-2008.

Elle pense pourtant s’en sortir mieux que la plupart de ses concurrentes, grâce à sa flotte récente, donc moins consommatrice de kérosène, et sa politique de couverture pétrolière.

Le même jour, la compagnie finlandaise Finnair a lancé un avertissement sur ses résultats pour 2008. “Le prix du combustible, en hausse continue et à des niveaux records, de même que le ralentissement de la demande ce printemps, ont assombri les perspectives de résultats”, a expliqué le PDG de la compagnie Jukka Hienonen.

Mais c’est aux Etats-Unis que la situation s’annonce la plus difficile.

American Airlines, la première compagnie aérienne américaine, a annoncé cette semaine une nouvelle réduction de ses capacités sur ses lignes intérieures, afin de faire face à l’envolée de ses dépenses en carburant.

Delta, Northwest, United et US Airways ont déjà annoncé des diminutions de capacités. Plusieurs petites compagnies ont même été contraintes de se déclarer en faillite ces dernières semaines.

Les compagnies américaines sont plus exposées parce qu’elles “paient le baril en dollar et n’ont pas la protection de l’euro”, explique Yan Derocles, analyste chez Oddo Securities.

Par ailleurs, certaines flottes sont “particulièrement âgées”, donc moins économes, et les compagnies américaines n’ont pas mis en place de couvertures pétrolières intéressantes, à l’exception de Southwest, poursuit-il.

A l’inverse, Air France-KLM s’est protégée efficacement. “Notre objectif est d’être parmi les compagnies aériennes dans le monde qui résistent le mieux à la situation”, affirme son directeur financier Philippe Calavia.

Pour les compagnies américaines, le poids de la facture pétrolière vient s’ajouter à une conjoncture économique difficile. Au moment où la Réserve fédérale vient d’abaisser ses prévisions de croissance pour les Etats-Unis en 2008 (entre 0,3% et 1,2%), on note “un ralentissement très fort de la croissance du trafic aux Etats-Unis”, souligne M. Derocles.

En Europe, les compagnies les plus touchées risquent aussi d’être celles qui sont les plus dépendantes du trafic avec l’Amérique du Nord.

British Airways, qui vient de publier de bons résultats, pourrait à l’avenir faire les frais de sa forte implantation sur le marché transatlantique.

La compagnie britannique n’échappe pas non plus aux inquiétudes sur le pétrole et a averti qu’un maintien du baril à 125 dollars pourrait gonfler sa facture pétrolière d’un milliard de livres supplémentaires (1,25 milliard d’euros).

 25/05/2008 10:51:25 – Â© 2008 AFP