[26/05/2008 20:22:32] PARIS (AFP) Le projet gouvernemental de rendre plus facile le cumul emploi-retraite pour favoriser l’emploi des salariés les plus âgés est critiqué par des syndicats qui, comme la CFDT, craignent “un dumping sur le niveau des salaires des seniors, au détriment de l’emploi des jeunes”. Le gouvernement veut permettre aux pensionnés d’exercer une activité salariée “sans restriction”, en déplafonnant notamment la rémunération du retraité-salarié. Actuellement, celle-ci ne peut dépasser le montant du dernier salaire, sauf pour les salariés du bas de l’échelle. En outre, un employeur pourrait garder une personne partant à la retraite à son poste sans aucune interruption –six mois sont obligatoires actuellement– tout en déboursant moins d’argent, ce qui, pour la CFDT, “pose un vrai problème”. “L’entreprise peut donc lui proposer d’être moins payé mais d’avoir un meilleur revenu avec son complément retraite. Inévitablement, on va pouvoir faire une sorte de dumping sur le niveau de salaires des seniors, au détriment de l’emploi des jeunes”, estime le leader cédétiste François Chérèque dans La Tribune de lundi. De son côté, Jean-Claude Mailly (FO), dont le syndicat, contrairement à la CFDT, s’était opposé à la réforme des retraites de 2003, avait soutenu, fin avril, un point de vue semblable. “Libéraliser les cumuls emploi-retraite, c’est autant d’emplois qui ne sont pas créés. Cela veut dire que les populations salariées les plus jeunes vont aussi être pénalisées pour l’entrée sur le marché du travail”, avait-il déclaré. Selon lui, la baisse des pensions depuis les réformes Balladur (1993) et Fillon (2003) pourrait amener les retraités les plus pauvres à retravailler dans des conditions qu’ils auraient normalement refusées : “C’est le danger du cumul emploi-retraite: vous prenez votre retraite, vous n’avez pas de quoi vivre, alors vous allez pousser des caddies sur les parkings de supermarchés”. De son côté, Bernard Thibault, avait souligné que, dans “un système qui systématise le cumul emploi-retraite (…), le droit au départ à un âge-repère, 60 ans en l’occurrence, va se diluer de plus en plus”. Pour le gouvernement, cette mesure devrait favoriser la hausse du taux d’emploi des salariés âgés de 55 à 64 ans (38,3% en France, contre 44,7% dans l’ensemble de l’Union européenne). Dans le même esprit, le gouvernement a annoncé la disparition progressive de la dispense de recherche d’emploi pour les chômeurs âgés de plus de 57 ans et demi, voire 55 ans dans certains cas, la fin des mises à la retraite d’office ou la hausse de la surcote (supplément de retraite pour les salariés continuant à travailler au-delà de 60 ans après avoir suffisamment cotisé). Nicolas Sarkozy avait fait part le 6 mai de son intention de “laisser les gens choisir parce que nous croyons à la société du libre choix”. “Le premier choix que nous allons donner est celui du cumul emploi retraite. Cela va être une véritable révolution en France. Lorsqu’un travailleur aura suffisamment cotisé pour obtenir une retraite à taux plein et qu’il restera actif, il pourra toucher l’intégralité de sa pension de retraite et l’intégralité de son salaire”, avait-il dit. Actuellement, le retraité peut cumuler le montant de ses pensions (régime de base + retraite complémentaire) avec son nouveau salaire, mais dans une limite plafonnée au montant du dernier salaire avant le départ en retraite, sauf pour les gens touchant de bas salaires (le plafond de cumul est alors fixé à 1,6 fois le Smic). |
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