[26/05/2008 21:58:42] PARIS (AFP) Un bon nombre de pêcheurs français ont poursuivi leur protestation lundi et appelé à bloquer les ports, rejoints par des marins espagnols de Catalogne, et tentant d’entraîner d’autres pays européens dans leur mouvement contre la hausse des prix du gazole. Une partie des pêcheurs français, en grève depuis quinze jours, ont lancé un nouvel appel à bloquer des ports, pour 48 heures, à partir de mardi matin. Réunis à Boulogne-sur-Mer (nord), le premier port de pêche de France, avec l’objectif d’organiser une journée de mobilisation européenne, une cinquantaine de pêcheurs de la Manche et de la Méditerranée se sont prononcés en majorité en faveur d’un tel blocage. “Nos revendications sont toujours les mêmes: un gazole avec un prix unifié en Europe, et une gestion raisonnable des quotas”, a expliqué Thierry Leprêtre, président du comité local des pêches de Boulogne-sur-Mer. Les participants ont également prévu d’adresser des appels à leurs collègues de Belgique, Pays-Bas, Espagne, Portugal, Grande-Bretagne et Irlande pour “unifier le mouvement”. Une action des pêcheurs européens aura lieu à Bruxelles en fin de semaine, a par ailleurs indiqué à l’AFP le responsable des pêcheurs du Sud-Est de la France et de la Corse, Mourad Kahoul, qui s’exprimait en marge d’une réunion à Paris.
Les représentants de fédérations de pêcheurs françaises, italiennes et espagnoles, ainsi que grecques, ont participé à cette réunion. Dans les ports français, la situation était confuse lundi, avec des marins-pêcheurs partagés entre la poursuite du mouvement et la reprise du travail pour donner au gouvernement le temps de mettre en oeuvre sa promesse de garantir un gazole à 40 centimes au lieu de 75. En Italie, des pêcheurs italiens, portugais, français et espagnols ont aussi appelé à une grève illimitée à partir de mercredi, selon un communiqué publié à Ancône (côte adriatique). Dans cette ville où le commissaire européen chargé de la pêche et des affaires maritimes Joe Borg participait à un séminaire, entre 300 et 400 pêcheurs avaient manifesté dimanche contre la hausse des prix du gazole. En Espagne, les pêcheurs des ports catalans de Barcelone, Rozas et Port de la Selva ont décidé de ne pas sortir en mer pour “soutenir” le mouvement de protestation français et faire pression sur Madrid. Ce mouvement concerne pour l’instant environ 350 pêcheurs dans les trois ports. Une manifestation nationale est prévue vendredi à Madrid.
“L’idée est que toute l’Europe se joigne au mouvement” pour forcer Bruxelles à prendre des mesures, a expliqué Josep Garcia, porte-parole de l’association des coopératives de pêche de Barcelone. Premier pays à être confronté à la colère de ses 20.000 pêcheurs, la France souhaite relever les limites fixées par l’UE aux aides nationales versées à la profession, a indiqué lundi son ministre de la Pêche, Michel Barnier. L’Allemagne souhaite également assouplir les restrictions imposées par l’Union européenne. Dans la cadre de la politique commune de la pêche de l’Union européenne (UE), la Commission européenne encadre strictement les aides financières que peuvent accorder les gouvernements, au nom du respect d’une saine concurrence. En particulier, elle fixe un plafond aux aides nationales ne nécessitant pas de feu vert de Bruxelles car considérées comme ne causant pas distorsion à la concurrence. Ces aides ont déjà vu leur limite relevée l’an dernier de 3.000 à 30.000 euros sur trois ans par entreprise de pêche. Mais c’est encore insuffisant pour Paris dans le contexte actuel, marqué par une flambée des prix du carburant pour les chalutiers. Au-delà du problème conjoncturel du gazole, la France souhaite discuter des moyens “de gérer mieux et de manière plus efficace” les systèmes des quotas de pêche de l’UE, régulièrement critiqués par les professionnels. |
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