[27/05/2008 19:55:31] PARIS (AFP) Les dirigeants de la Société Générale ont été pris à partie parfois violemment, mardi au cours de l’assemblée générale annuelle du groupe, plusieurs petits actionnaires leur reprochant la perte énorme subie à l’occasion de l’affaire Kerviel. “Nous sommes des grognards, eh bien je vais grogner”, a lancé dès la première intervention un petit porteur. Critiquant le mode de rémunération des traders dans les salles de marché, l’homme a estimé que “quand on crée les conditions d’un gros bonus, on abaisse le seuil d’honnêteté des gens”. “S’il n’y avait pas eu ces gros bonus, il ne se serait pas passé ce qui s’est produit”, a-t-il tancé. “On a fait emprisonner l’employé alors que ce sont ses patrons qui auraient dû quitter les lieux”, a-t-il poursuivi sous les applaudissements d’une partie de la salle. Sans se départir de son calme, le président du groupe, Daniel Bouton, a réfuté ces accusations, arguant que la fraude présumée n’avait pas eu lieu dans une activité de marché “à gros bonus”. En ouvrant la séance, il avait estimé que cette perte de 4,9 milliards d’euros, due aux opérations non autorisées du trader Jérôme Kerviel, était le fait d’un “risque opérationnel isolé.”
“Elle ne remet pas en cause fondamentalement le coeur même des activités de marché de la Société Générale”, avait-il assuré, ajoutant que sept salariés avaient quitté la Société Générale à la suite de l’affaire Kerviel, dont cinq à la suite d’un licenciement. “Monsieur le président, je me demande pour qui vous nous prenez!”, a rétorqué un autre actionnaire individuel et “client de la même agence Société Générale depuis 36 ans”. “A qui ferez-vous croire qu’on peut faire des choses de ce genre impunément? Ou bien ceci convenait à la hiérarchie de la Société Générale, ou bien les contrôles sont nullissimes!”, a-t-il ajouté, estimant que “monsieur Kerviel n’est qu’un pantin dans tout ça”. Remarquant que les actionnaires avaient perdu beaucoup d’argent sans protester, il a demandé que les administrateurs de la banque abandonnent leurs jetons de présence pour 2007. Les membres du conseil d’administration ont touché plus de 750.000 euros à ce titre l’année dernière.
Tentant de lui répondre, M. Bouton, s’est fait interrompre par les huées de quelques actionnaires quand il a souligné que “toutes les enquêtes ont montré que les positions du trader à l’origine de la perte étaient dissimulées”. “J’ai l’impression qu’on nous raconte une fable”, a confié un autre actionnaire. “M. Kerviel, M. Bouton, M. Folz (administrateur du groupe, ndlr): pour moi, c’est un peu trois hommes dans un bateau”, a-t-il ironisé. En réponse à un actionnaire salarié qui critiquait le poids trop élevé des activités de marché de la banque, où la fraude présumée a eu lieu, et leur croissance trop rapide, le nouveau directeur général Frédéric Oudéa a reconnu que “des contrôles” avaient “manqué”. Mais “il faut avoir en tête ce qu’a apporté la Banque de financement et d’investissement au développement de la Société Générale”, a-t-il ajouté. Si les échanges ont été houleux, un actionnaire a loué “le courage” dont a fait preuve M. Bouton en se présentant ainsi devant ses actionnaires, tandis qu’un autre l’a remercié d’avoir sauvegardé l’indépendance de la banque, cible d’un raid hostile de la BNP en 1999. “J’espère que nous clôturerons définitivement (avec cette AG, ndlr) ce chapitre particulièrement difficile pour la Société Générale”, a conclu le président de la banque. Les actionnaires ont adopté à une nette majorité les différentes résolutions à l’ordre du jour. |
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