[27/05/2008 13:15:06] PARIS (AFP) Le moral des industriels français a brutalement chuté en mai, perdant 4 points pour atteindre son plus bas niveau depuis décembre 2005, avec en perspective des mois très difficiles pour la croissance de l’économie française, rattrapée par la crise mondiale. “D’après les chefs d’entreprise interrogés en mai, le fléchissement de la conjoncture industrielle entamé le mois dernier s’est accentué”, souligne l’Institut national de la statistique (Insee) dans son communiqué. Pour les économistes, la “bonne surprise” de la croissance en 2007 et au premier trimestre 2008 (+0,6%) est donc maintenant de l’histoire ancienne et “l’activité française devrait nettement freiner au cours du reste de l’année 2008”, selon Mathieu Kaiser (BNP Paribas). Le gouvernement prévoit une croissance du PIB comprise entre 1,7% et 2,0% cette année. L’indice synthétique du climat des affaires s’est établi à 102 points en mai. Certes, il reste au-dessus de sa moyenne de long terme qui se situe, par construction, à 100 points. Mais “ce chiffre témoigne bien de la dégradation rapide de la conjoncture dans l’industrie”, résume Alexander Law, économiste en chef au cabinet Xerfi. “Or la croissance du premier trimestre, qui avait été accueillie avec tant d’effusion par le gouvernement, avait été principalement dynamisée par l’activité des entreprises (commerce extérieur et investissement)”, et non plus par la consommation des ménages, traditionnel moteur de l’économie française, rappelle M. Law. Vigueur excessive de l’euro, hausse des prix du pétrole, inflation, ralentissement de la croissance mondiale: tous les facteurs contribuent à présent au pessimisme des industriels et des ménages. Selon l’enquête de l’Insee, les entrepreneurs de l’industrie manufacturière estiment que leur activité passée a de nouveau sensiblement ralenti. “Un mauvais signe pour la production industrielle et la croissance du PIB au deuxième trimestre”, relève Mathieu Kaiser, selon qui d’autres éléments suggèrent que “cette tendance devrait se poursuivre”. Les carnets de commandes des industriels se sont ainsi nettement dégarnis, à la fois en France et à l’étranger, “confirmant que la dégradation de la conjoncture internationale est en train de rattraper une économie française dont la consommation s’essoufle depuis le début de l’année”, poursuit-il. Les “perspectives personnelles” et générales de production sont en effet très mal orientées, souligne l’Insee. “En d’autres termes, les industriels anticipent une perte de vitesse notable de leur propre activité au cours des semaines à venir, le tout dans un contexte économique particulièrement dégradé”, résume Alexander Law. Des résultats d’autant plus inquiétants qu’ils touchent tous les pans de l’industrie française, en particulier les biens de consommation. Dans ce secteur, ce sont surtout les perspectives dans l’automobile qui sont préoccupantes, relèvent les économistes. “La palme de la déconvenue revient à l’industrie automobile dans laquelle les perspectives de production s’effondrent de 55 points sur le seul mois de mai”, relève Marc Touati (Global Equities) pour qui “la baisse de la consommation des derniers mois n’était pas un accident mais un mouvement durable”. L’Insee doit publier mercredi matin les dernières données sur le “moral des ménages” en mai, indicateur avancé de leur consommation. Il avait atteint le mois dernier le plus bas niveau de son histoire, alors que la consommation continuait de céder du terrain. |
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