Le mouvement des pêcheurs se durcit en France et essaime en Europe

 
 
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éployée sur un bateau à Sète où les pêcheurs sont en grève, le 27 mai 2008 (Photo : Pascal Guyot)

[27/05/2008 19:09:15] DUNKERQUE (AFP) Du port des ferries de Dunkerque (Nord) au dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), les pêcheurs français ont mené mardi de nouvelles actions d’envergure contre le coût du gazole, encouragés par l’extension du mouvement en Europe.

La situation est notamment tendue sur les bords de la Méditerranée, où 200 pêcheurs réunis à Sète (Hérault) ont décidé de reconduire leur mouvement de grève pour une durée indéterminée.

D’autres pêcheurs ont à nouveau bloqué, avant d’être délogés par les CRS, les accès routiers au Dépôt Pétrolier de Fos, comme ils l’avaient fait la semaine dernière, tandis qu’une trentaine de pêcheurs ont bloqué ceux du dépôt pétrolier de Frontignan (Hérault).

A l’autre bout de la France, à Dunkerque, c’est la route d’accès au port ferry qui a été bloquée par des pêcheurs, décidés à mener une série d’actions notamment dans des supermarchés de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais).

“J’ai déjà hypothéqué ma maison pour sauver mon entreprise. Ma femme m’a dit: +ce serait bien que tu arrêtes le bateau+ alors qu’elle était si fière…”, a raconté Emmanuel Descharles, patron pêcheur participant à un barrage filtrant proche d’un centre de traitement de poisson à Boulogne-sur-Mer. Les pêcheurs cherchent à intercepter des importations à très bas prix qu’ils jugent déloyales.

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êcheurs face à des CRS qui bloquent le port de Saint-Quay-Portrieux, le 27 mai 2008 (Photo : Marcel Mochet)

Très engagé dans le mouvement, le port de Saint-Quay-Portrieux, en Bretagne du nord, a été bloqué quatre heures par des CRS.

Le mouvement se poursuit également dans plusieurs ports importants de la façade Atlantique, comme Le Guilvinec (Finistère), Lorient (Morbihan) ou La Rochelle. En revanche, les bateaux des ports des Pays-de-Loire ont repris la mer.

Nicolas Sarkozy a réaffirmé mardi que, pour “les professions très exposées”, il fallait “veiller à ce qu’elles “puissent répercuter dans leurs prix l’augmentation” du carburant.

Il a également mis en avant les qualités du plan gouvernemental d’aide aux pêcheurs de 310 millions d’euros. Mais les pêcheurs grévistes, en particulier de la base, expliquent ne plus avoir confiance “dans un gouvernement qui leur promet de l’aide depuis des mois sans que rien ne soit encore versé”.

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évacue des pêcheurs qui bloquaient un dépôt de carburant, le 27 mai 2008 à Fos-sur-Mer (Photo : Patrick Valasseris)

Les pêcheurs français sont d’autant plus déterminés à durcir leur action que d’autres pays européens rejoignent le mouvement, notamment l’Espagne, où plusieurs ports catalans sont touchés.

La principale organisation patronale de la pêche, la Cepesca, a lancé un appel à une “grève illimitée” à partir de vendredi tandis que des mots d’ordre étaient lancés en Italie et au Portugal. Mais l'”action européenne” que les pêcheurs entendaient mener à Bruxelles en fin de semaine a été reportée à la semaine prochaine.

Les ministres français et espagnols de la Pêche ont demandé mardi que l’Union européenne verse des aides directes aux pêcheurs, mettant en avant “la gravité de la situation”. “Plusieurs de mes collègues veulent qu’on réfléchisse à une intervention directe”, a précisé Michel Barnier, selon qui une proposition commune devrait être discutée lors d’une prochaine réunion en juin.

Dans certaines régions françaises, le mouvement contre l’envolée des prix du gazole tend en outre à s’étendre à d’autres professions. Des ambulanciers ont ainsi bloqué mardi matin le périphérique de Caen tandis que 150 agriculteurs de l’Orne ont investi une station Total sur l’autoroute A 28. “Nos charges sont en train d’exploser à cause du prix des carburants”, a expliqué Stéphane Davy, président des jeunes agriculteurs de l’Orne.

 27/05/2008 19:09:15 – Â© 2008 AFP