[28/05/2008 06:58:22] NEW YORK (AFP) Le plus riche groupe pétrolier américain, ExxonMobil, se prépare à une assemblée générale houleuse mercredi à Dallas (Texas) face aux attaques d’actionnaires accusant l’actuelle direction d’inertie face à l’essor des énergies renouvelables. En préparation à cette assemblée annuelle, 19 investisseurs institutionnels ont déposé une série de motions demandant à la direction des mesures concrètes “pour résoudre les problèmes liés au changement climatique”. Ces actionnaires, des fonds publics et privés qui détiennent 1,72% du capital, demandent également la scission du poste de PDG, occupé par Rex Tillerson. Ils souhaitent que ses fonctions soient réparties entre un directeur général et un président non exécutif à la tête du Conseil d’administration. Ces requêtes se nourrissent des critiques récurrentes sur le conservatisme de la gestion d’ExxonMobil ainsi que son manque d’engagement et d’investissements dans les énergies alternatives, malgré plus de 40 milliards de dollars de bénéfice l’an dernier. Fin avril, la richissime famille Rockefeller, fondatrice de la Standard Oil, qui par le jeu des fusions allait devenir ExxonMobil, a elle aussi entrepris des démarches pour obtenir une réforme de l’exécutif du groupe. La famille Rockefeller a justifié son initiative par ses “inquiétudes” sur les orientations de la compagnie. Elle a expliqué vouloir s’adresser directement aux actionnaires après avoir d’abord tenté de “travailler en coulisses pendant plusieurs années avec ExxonMobil pour éviter d’y être contrainte”, avait expliqué Peter O’Neill, chargé des intérêts des Rockefeller. De leur côté, les 19 investisseurs institutionnels estiment qu’une refonte de l’exécutif serait “une première étape” pour faire évoluer ExxonMobil. Sans quoi, “le conseil d’administration continuera d’obéir plutôt que de prendre des décisions, et les actionnaires continueront d’être frustrés par le manque de réaction total à leurs demandes”, estiment ces actionnaires.
“ExxonMobil entretient de longue date une culture de méfiance et d’indifférence à l’égard de tous les sujets d’importance et de long-terme qui préoccupent les actionnaires”, a renchéri l’un d’eux, le fonds de retraite de la ville de New York. Dans le collimateur, l’absence d’orientation “verte” chez Exxon, assumée sans complexe par la direction et souvent réitérée. “La lenteur de l’approche d’Exxonmobil vis à vis des problématiques de réduction des gaz à effet de serre et en matière d’investissements dans des énergies renouvelables met en péril sur le long-terme la valeur du groupe pour les actionnaires”, font valoir deux mécontents, CalPERS et CalSTRS. “Au lieu de traîner à ce point les pieds, ExxonMobil devrait être en tête des acteurs proposant des solutions de long-terme au réchauffement climatique”, tempêtent ces deux fonds californiens de retraite, qui comptent parmi les plus gros investisseurs institutionnels du pays. Pour sa défense, ExxonMobil a opportunément publié ces derniers jours son rapport annuel où il fait état de “progrès sur les volets environnementaux, économiques et sociaux”, tout en fournissant “l’énergie nécessaire à la croissance économique et à l’amélioration du niveau de vie”. Le groupe a indiqué investir à court-terme 100 millions de dollars dans des technologies propres de traitement du gaz naturel. ExxonMobil affirme travailler avec l’industrie automobile pour accroître de 30% les économies de carburant et pour développer des technologies liées aux motorisations hybrides (essence/électricité). Le groupe y dit également mener des recherches sur le moteur à hydrogène et “soutenir la recherche académique” sur les énergies alternatives. |
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