[28/05/2008 07:44:47] WASHINGTON (AFP) Le futur économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), le Français Olivier Blanchard, s’est dit “relativement optimiste” pour l’économie mondiale, malgré la crise financière et la flambée du pétrole, dans un entretien téléphonique à l’AFP. “Je suis relativement optimiste”, a déclaré ce professeur au prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) américain, nommé mardi par son compatriote et nouveau directeur général de l’institution financière internationale, Dominique Strauss-Kahn. “J’ai l’impression que l’on comprend à peu près les problèmes auxquels on est confronté”, a-t-il dit, citant l’éclatement de la bulle immobilière aux Etats-Unis, la crise financière et la flambée des matières premières. “Après la phase initiale qui a duré pendant la deuxième partie de l’année dernière, au cours de laquelle on a été un peu perdu (…), je crois qu’ont été mises en place des politiques à peu près adaptées”, a jugé ce spécialiste de macroéconomie, qui prendra ses fonctions le 1er septembre. L’actuel titulaire du poste, Simon Johnson, directeur des services de recherche du FMI depuis fin mars 2007, avait annoncé début mai qu’il quittait l’institution pour réintégrer le MIT dont il était également originaire. “J’avais envie de ce job et je suis ravi de l’avoir”, s’est réjoui M. Blanchard, quelques heures après sa nomination. L’universitaire de 59 ans a toujours travaillé outre-Atlantique. Après avoir décroché un doctorat (PhD) au MIT en 1977, ce natif d’Amiens (Somme) a enseigné à l’université de Harvard avant de retourner au MIT en 1982, où il est devenu professeur. Au Etats-Unis, la politique couplée de baisse des taux d’intérêts et d’injections massives de liquidités par la Réserve fédérale a permis de faire en sorte que, désormais, le danger présenté par la crise financière “n’est pas énorme”. Par ailleurs, l’effondrement du marché immobilier américain, que la plupart des analystes ne voient pas s’inverser avant la fin de l’année, n’est pas une originalité, selon lui. “C’est une des crises les plus standards que l’on puisse avoir”, estime-t-il. “On en a vues beaucoup dans le passé, on en verra dans l’avenir, on peut utiliser les taux d’intérêts au point de vue macroéconomique pour stabiliser les choses et je pense qu’on le fait”. La flambée du pétrole, qui crève chaque semaine les plafonds jusqu’à dépasser les 135 dollars la semaine dernière, aura des conséquences limitées, a-t-il ajouté. Même si la situation actuelle n’est “pas très agréable”, il assure que l'”on ne va pas avoir un +replay+ des années soixante-dix”, en référence au premier choc pétrolier. Peu intéressé par le débat sur l’éventualité d’une récession aux Etats-Unis, M. Blanchard se contente de confirmer qu’un ralentissement aura lieu. Quant à son ampleur, “je n’en ai pas la moindre idée”, dit-il prudemment. “Je ne pense pas que ça va être pire que ce que l’on prévoit à l’heure actuelle”. Les dernières prévisions du FMI tablent sur 0,5% de croissance cette année aux Etats-Unis, après 2,2% en 2007. La nomination de M. Blanchard à l’une des fonctions les plus éminentes du Fonds survient alors que l’institution, menacée d’obsolescence, est engagée dans une mutation attendue de longue date mais qui peine à convaincre, tant en externe qu’en interne. Son arrivée laisse présager des changements dans le travail de recherche du Fonds qui est au coeur de l’activité de l’institution sexagénaire. “Le département de recherche devrait être l’endroit où il y a la meilleure expertise mondiale sur tous les sujets importants du moment”, a jugé M. Blanchard. Or “il me semble que cela n’a pas été fait de manière optimale jusqu’à maintenant”, a-t-il en effet lâché, “sans vouloir dire de mal de ses prédécesseurs”. |
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