[28/05/2008 11:29:34] PARIS (AFP) L’ancien coprésident d’EADS, Noël Forgeard, qui est entendu par les policiers de la Brigade financière dans l’enquête sur des délits d’initiés présumés au sein du groupe européen fin 2005 et début 2006, a été placé en garde à vue, a-t-on appris mercredi de source proche du dossier. M. Forgeard, 61 ans, est arrivé mercredi vers 11H00 à la Brigade financière rue du Château des Rentiers à Paris (XIIIe), a constaté un journaliste de l’AFP. Vêtu d’une veste sport marron, il était conduit par son avocat, Me Jean-Alain Michel, qui a raté l’entrée de la brigade financière située dans une rue à sens unique, l’obligeant à gagner à pied les locaux. Sa garde à vue peut durer jusqu’à 48 heures à l’issue desquelles il est susceptible d’être présenté aux juges d’instruction en vue d’une éventuelle mise en examen. Noël Forgeard est notamment mis en cause dans un rapport de l’Autorité des marchés financiers (AMF), ainsi que plusieurs autres dirigeants du groupe, pour avoir vendu des stocks-options attribuées par EADS à un moment où, selon le gendarme de la Bourse, il disposait d'”informations privilégiées” qui lui interdisaient de le faire. Ces informations concernaient les perspectives financières d’EADS et d’Airbus pour les années à venir, ainsi que des retards à prévoir dans les programmes du très gros-porteur A380 et du futur long-courrier A350. Selon ce rapport, transmis à la justice le 9 juin, M. Forgeard a cédé, le 17 novembre 2005 puis les 9 et 15 mars 2006, un total de 360.000 actions EADS, provenant de l’exercice de ses stocks-options, pour un montant de 4,3 millions d’euros. Quelques mois plus tard, le 13 juin 2006, Airbus annonçait un retard de six à sept mois du calendrier de livraisons de l’A380. Cette annonce entraînait le lendemain une chute de plus de 28% du cours de l’action EADS.
La révélation de cette affaire avait provoqué la démission de Noël Forgeard de son poste de coprésident exécutif d’EADS trois semaines plus tard. “Ma culpabilité ne fait aucun doute alors que rien n’est prouvé. Et rien ne sera prouvé car il n’y a rien”, avait soutenu M. Forgeard dans un entretien au Figaro fin octobre 2007, se voyant comme “un bouc émissaire commode”. La justice a été saisie de cette affaire à la suite de plaintes, notamment d’une association de petits porteurs, l’Appac, qui s’estimait avoir été lésée. Une information judiciaire a été ouverte le 20 novembre 2006 contre X pour “délit d’initié, diffusion de fausses informations et recel sur le titre de la société” et confiée aux juges Xavière Simeoni et Cécile Pendaries. A ce stade de l’enquête, personne n’est poursuivi sur le plan pénal. Seize autres dirigeants d’Airbus et d’EADS sont mis en cause par l’AMF parmi lesquels figurent notamment Thomas Enders, alors coprésident exécutif d’EADS et aujourd’hui patron d’Airbus, Jean-Paul Gut, alors directeur général délégué d’EADS ou encore Gustav Humbert, alors coprésident d’Airbus. Les actionnaires de contrôle d’EADS, les sociétés Lagardère et DaimlerChrysler sont également pointés du doigt par le gendarme de la Bourse. Dans son rapport, l’AMF estime notamment que tous étaient informés des perspectives financières du groupe pour les années 2006 à 2008 et à l’horizon 2010, plus pessimistes en interne que celles présentées aux analystes financiers. Pour l’AMF, Noël Forgeard aurait ainsi pris connaissance dès le 3 novembre 2005 de ces perspectives, cinq mois avant que ces informations ne soient communiquées au marché. M. Forgeard, pour sa part, est “formel”: “Je peux affirmer qu’il n’y a pas eu de délit d’initié de la part des dirigeants d’Airbus et d’EADS. J’ai connu toute cette période, je sais de quoi je parle”. |
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