[28/05/2008 09:29:49] JAKARTA (AFP) Les manifestations se multiplient en Indonésie depuis l’annonce vendredi d’une hausse de près de 30% des carburants en raison de la réduction des subventions publiques, touchant de plein fouet les plus pauvres déjà victimes de l’augmentation des prix des produits alimentaires. Devant la montée du mécontentement, le président Susilo Bambang Yudhoyono a décidé lundi de reporter un déplacement en Europe prévu début juin afin officiellement de “se concentrer sur les problèmes économiques et le développement du pays”, a indiqué son porte-parole. Le même jour, le président a défendu sa décision de réduire les subventions sur l’essence, visant à alléger le fardeau sur le budget, estimant qu’il s’agit de “la solution la plus responsable pour sauver notre économie et protéger notre peuple”. Dans ce contexte tendu, le ministre de l’Energie, Purnomo Yusgiantoro, a annoncé mercredi que l’Indonésie allait se retirer de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). L’Indonésie, dont la production de pétrole a décliné depuis 1995, est devenue importateur net, alourdissant d’autant sa facture énergétique. Les manifestations de protestation, qui avaient débuté la semaine dernière, se sont poursuivies cette semaine. Au moins deux manifestants ont été arrêtés mardi alors qu’une trentaine d’entre eux jetaient des pierres sur la police, au cours d’une manifestation à l’Université de Makassar, dans la province de Sulawesi du Sud. D’autres manifestations ont éclaté sur l’île de Sumatra, où des étudiants en colère ont tenté sans succès de braver des barrages policiers pour bloquer le convoi du vice-président Jusuf Kalla. A Surabaya, deuxième plus grande ville du pays, des centaines d’étudiants et de pêcheurs ont bloqué une autoroute et intercepté un camion qui transportait du kérosène, selon le site d’informations Detikcom. Mardi, à Jakarta, des étudiants se sont de nouveau réunis devant un commissariat de police pour réclamer la libération de 34 d’entre eux interpellés samedi lors de heurts avec les forces de l’ordre. Des avocats ont par ailleurs engagé devant la justice une action collective contre le président “au nom du peuple”, pour obtenir des millions de dollars afin de compenser la hausse du carburant. Pour les Indonésiens, la hausse des carburants ne concerne pas uniquement les transports. Le pétrole domestique (ou pétrole lampant) est une source d’énergie très répandue, utilisée par les foyers les plus pauvres pour s’éclairer et cuisiner. Des foyers pauvres qui sont également touchés par la forte hausse récente du prix des produits alimentaires, notamment le riz. L’Indonésie, quatrième pays le plus peuplé de la planète, subventionne massivement la vente de carburants et dépense une part très importante de son budget à maintenir l’essence à un prix artificiellement bas. Avant la hausse de 33,33%, un litre d’essence subventionnée s’achetait à seulement 4.500 roupies (un demi-dollar). Or le pays est importateur net de pétrole. L’Etat comble la différence entre les cours du baril et le prix à la pompe. Le litre d’essence subventionnée coûte désormais 6.000 roupies. Il s’agit de la troisième hausse décidée par le président Yudhoyono depuis son élection en 2004. La dernière hausse de 126% en 2005 avait déjà entraîné des manifestations, mais qui n’avaient pas duré. Pour compenser l’augmentation, le gouvernement veut distribuer 1,5 milliard de dollars d’allocations au bénéfice des plus pauvres. Les prix du pétrole brut ont été multipliés par six en six ans, passant de 20 dollars début 2002 à New York, à un plus haut de 135 dollars jeudi dernier. |
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