[28/05/2008 13:33:44] BOULOGNE-SUR-MER (AFP) Des pêcheurs ont poursuivi mercredi la grève contre le gazole trop cher en France, où le mouvement marquait toutefois le pas, alors que les marins espagnols et portugais se préparaient à une “grève illimitée” à partir de vendredi. Si des pêcheurs français, à l’origine du mouvement en Europe, ont mené de nouvelles actions coup de poing, des divisions sont apparues après plus de quinze jours de mobilisation et l’annonce d’aides d’urgence mercredi dernier. Les pêcheurs de Boulogne-sur-Mer, le plus grand port de pêche du pays, ceux de Calais et Dunkerque (nord) ont notamment décidé de suspendre la grève jusqu’à la réunion des ministres européens de la Pêche les 23 et 24 juin. Mais ces pêcheurs ont promis de poursuivre leur mouvement “sous une autre forme”, en refusant notamment les contrôles maritimes, jusqu’à cette réunion. D’autres pêcheurs, notamment dans l’ouest du pays et en Méditerranée, continuaient à protester. Dans l’ouest, des pêcheurs ont installé des barrages filtrants et déversé trois tonnes de poisson sur la chaussée. A Perpignan (sud), une cinquantaine de marins-pêcheurs se sont emparés des produits de la mer d’une grande surface pour les donner aux passants.
Dans la région de Marseille (sud-est), la police est intervenue à nouveau pour empêcher le blocage de plusieurs sites pétroliers. Les pêcheurs ont été rejoints par des ambulanciers qui ont mené une opération escargot pour réclamer un carburant moins cher. Près de Toulouse (sud-ouest), des agriculteurs ont bloqué un dépôt de carburant. En Espagne, la “grève illimitée” des petits patrons-pêcheurs dans plusieurs ports de Méditerranée se poursuivait dans les ports catalans de Barcelone, Port de la Selva et Vilanova (nord-est), selon un responsable des pêcheurs. Parallèlement, des pêcheurs ne sont pas sortis en mer en Andalousie (sud). La flotte hauturière espagnole de l’Atlantique commence à revenir dans les ports de Galice, des Asturies et du Pays Basque (nord) en prévision d’un appel à une “grève illimitée”, à partir de vendredi, lancée par la principale organisation patronale de la pêche, la Cepesca. Une manifestation nationale est prévue à Madrid. Chez les patrons routiers, le mécontentement prenait également de l’ampleur, avec une menace de grève début juin. Les pêcheurs portugais, qui rencontraient dans la journée leur ministre, devaient aussi se mettre en grève illimitée vendredi. Ils réclament que leur secteur soit reconnu comme une “activité stratégique” et bénéficie à ce titre d’une “exonération des impôts et taxes qui asphyxient le secteur”.
Mais le gouvernement portugais a exclu la semaine dernière toute nouvelle aide, en soulignant que pêcheurs et agriculteurs bénéficient déjà d’une réduction de 50% sur le gazole et que la hausse du prix des carburants “touche tous les Portugais”. Selon un représentant des pêcheurs, la paralysie du secteur devrait être “totale” à partir de vendredi, à l’exception des archipels des Açores et de Madère, où le prix des carburants est plus bas en raison d’une fiscalité allégée. “Les solutions (à la crise de la pêche) ne sont pas faciles”, a estimé mercredi le ministre de l’Agriculture et des Pêches Jaime Silva. En Italie, les instances des pêcheurs se réunissaient dans la journée pour décider éventuellement de faire grève vendredi. La France, qui assurera au 1er juillet la présidence de l’UE, et l’Espagne, ont demandé le versement d’aides directes pour calmer la colère des pêcheurs, mais les 27 sont divisés sur la question. Le secteur de la pêche fait vivre quelque 400.000 personnes dans l’UE, principalement en Espagne, France, Italie et Portugal. |
||||||
|