[28/05/2008 17:24:14] PARIS (AFP) Les protestations contre l’envolée du prix des carburants ont encore pris de l’ampleur mercredi, avec de nouvelles actions d’agriculteurs ou de routiers, un mouvement des pêcheurs qui se propage en Europe, et de nouvelles manifestations en Indonésie. En France, un agriculteur et un policier ont été légèrement blessés à la mi-journée lorsque les forces de l’ordre ont chargé les agriculteurs qui bloquaient le dépôt pétrolier de Frontignan (sud), faisant usage des gaz lacrymogènes. Une centaine d’agriculteurs, dont certains tiraient un tracteur avec une corde, ont manifesté dans les rues du centre de Lille (nord). Malgré des signes de division dans un mouvement soumis à une pression croissante des distributeurs et de la justice, les marins pêcheurs ont multiplié les actions.
Dans l’ouest, ils ont installé des barrages filtrants et déversé trois tonnes de poisson sur la chaussée. A Perpignan (sud), une cinquantaine de marins pêcheurs se sont emparés des produits de la mer d’une grande surface pour les donner aux passants. En Espagne, où une manifestation nationale est prévue vendredi à Madrid, la “grève illimitée” des petits patrons-pêcheurs dans plusieurs ports de Méditerranée se poursuivait dans les ports catalans de Barcelone, Port de la Selva et Vilanova (nord-est), selon un responsable des pêcheurs. Parallèlement, des pêcheurs ne sont pas sortis en mer en Andalousie (sud). Le syndicat de patrons routiers espagnols Fenadismer, minoritaire, a appelé à une grève illimitée à partir du 8 juin à minuit mais ne prévoit pas de barrages routiers.
Les pêcheurs portugais, qui rencontraient dans la journée leur ministre, devaient aussi se mettre en grève illimitée vendredi. Selon un représentant des pêcheurs, la paralysie du secteur devrait être “totale” à l’exception des archipels des Açores et de Madère, où le prix des carburants est plus bas en raison d’une fiscalité allégée. En Italie, les instances des pêcheurs se réunissaient dans la journée pour décider éventuellement de faire grève vendredi. En Bulgarie, environ 150 camions ont défilé sur le boulevard circulaire de Sofia, demandant au gouvernement la “maîtrise de la hausse spéculative du prix du diesel”. Les sociétés de transport d’autobus ont menacé pour leur part d’arrêter pour une heure le transport des passagers vendredi.
Aux Pays-Bas, les deux premières organisations de transporteurs ont appelé les routiers à klaxonner trois fois jeudi à 11H45 locale (9H45 GMT), dans tout le royaume. Des panneaux seront disposés en onze endroits très fréquentés, proclamant “la coupe est pleine, le réservoir est vide”. A près de 127 dollars le baril mercredi, les cours du pétrole brut ont été multipliés par six depuis 2002. Ils ont toutefois franchement reculé mardi et mercredi sur les marchés financiers, les analystes s’attendant à une baisse de la demande alors que Taïwan et l’Inde pourraient à leur tour baisser leurs subventions sur les carburants et donc faire monter les prix à la pompe.
En Indonésie, c’est précisément une hausse de près de 30% des carburants, en raison de la réduction des subventions publiques, qui a mis le feu aux poudres. Mercredi, sur l’île de Sumatra, des étudiants en colère ont tenté sans succès de braver des barrages policiers pour bloquer le convoi du vice-président, Jusuf Kalla, tandis qu’à Surabaya, deuxième plus grande ville du pays, des centaines d’étudiants et de pêcheurs ont bloqué une autoroute et intercepté un camion qui transportait du kérosène. Des avocats ont par ailleurs engagé devant la justice une action collective contre le président Yudhoyono “au nom du peuple”, pour obtenir des millions de dollars afin de compenser la hausse du carburant. |
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