[28/05/2008 18:40:57] BERLIN (AFP) La colère des producteurs de lait en Allemagne contre les prix trop bas que leur consentent les laiteries et les grandes surfaces de distribution a commencé mercredi à s’étendre à d’autres pays d’Europe, révélatrice des frustrations des éleveurs européens. Les producteurs de lait de plusieurs pays, étranglés par l’augmentation des coûts de production engendrée par la hausse de l’énergie et du fourrage, ont lancé une grève des livraisons pour protester contre des prix jugés trop bas. Le mouvement, engagé mardi en Allemagne par la fédération BDM qui représente 45% de la production nationale, s’est étendu à l’Autriche, aux Pays-Bas, à la Belgique, et hors Union européenne, à la Suisse. En Allemagne même, le mouvement a été suivi mercredi par 95% des 32.000 adhérents de la BDM. Les livraisons de lait à l’industrie agro-alimentaire “vont encore décroître dans les jours à venir, et cela aura des conséquences sur les livraisons aux supermarchés”, a déclaré Hans Foldenauer, porte-parole de la BDM. Pour l’heure les étals demeurent fournis. La fédération allemande réclame que les producteurs soient payés 43 centimes par litre, contre les 28 à 34 centimes d’usage en ce moment. Elle argue que les coûts de production ont grimpé de 7 centimes par litre, et que cette hausse ne s’est pas reflétée dans les prix pratiqués par les laiteries. Le ministère allemand de l’Agriculture a exprimé une certaine sympathie pour les éleveurs, tandis qu’un porte-parole de l’association du commerce de détail HDE a estimé que déverser du lait dans les champs était une “gigantesque saloperie”. Prenant exemple sur le mouvement allemand, la fédération autrichienne IG Milch a appelé mercredi les 43.000 producteurs laitiers du pays à ne plus livrer leurs bidons pour protester contre le prix du lait trop bas. “Nous appelons tous les producteurs laitiers à cesser totalement leurs livraisons aux laiteries à partir de jeudi”, a déclaré le président de la fédération Ewald Grünzweil. “Nous nous attendons, compte tenu de la détermination des agriculteurs en Allemagne et dans d’autres pays européens, à des rayons de produits laitiers vides dans les prochains jours (dans les grandes surfaces) à la suite d’achats massifs des consommateurs” soucieux de se constituer des réserves, a expliqué M. Grünzweil. IG Milch réclame l’instauration d’un nouveau système impliquant les producteurs laitiers dans la fixation des prix. Une centaine de producteurs de l’ouest de la Suisse ont voté mercredi en faveur d’une grève au cours des deux prochains jours, rejoignant un mouvement déclenché mardi dans la partie germanophone de la Suisse. Dans un seul district du canton germanophone de Zurich (nord), les quelque 200 producteurs n’ont pratiquement pas livré de lait mercredi matin. Le syndicat Big-M qui a appelé à la grève, juge que le litre se négocie très en dessous des coûts de production. Aux Pays-Bas, un syndicat d’exploitants (DDB, Dutch Dairymen Board, 4.000 membres) a lancé un mot d’ordre pour que le lait “reste à la ferme”. Mardi, quelques centaines de producteurs de la DDB avaient bloqué l’accès à une usine de Friesland Foods, poids lourd néerlandais du secteur, qui a récemment finalisé sa fusion avec Campina pour créer un géant mondial face au français Danone. Leur slogan: “prix de revient honnête, prix du lait couvrant le prix de revient”. Le président du DDB Sieta van Keimpema réclame que les “fermiers obtiennent un contrat sur le prix du lait”. Il envisage l’étape suivante à l’allemande, qui serait de ne plus livrer de lait à Friesland Foods. A Bucarest, les éleveurs roumains manifesteront la semaine prochaine devant l’ambassade de France et le siège de Danone pour demander de meilleurs prix du lait à l’achat, selon la fédération des syndicats agricoles Agrostar qui dénonce la politique du groupe laitier français de “dicter les prix et les termes des contrats”. |
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