Espionnage : perquisition chez Deutsche Telekom et plainte des salariés

 
 
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é Obermann, pendnat la réunion des actionnaires, le 15 mai 2008 à Cologne (Photo : Henning Kaiser)

[29/05/2008 15:07:20] BERLIN (AFP) Le siège du numéro un européen des télécoms Deutsche Telekom faisait l’objet jeudi d’une perquisition, a indiqué un porte-parole du parquet de Bonn, dans le cadre d’un scandale d’espionnage qui a également conduit des représentants des salariés à porter plainte.

Depuis jeudi matin, des enquêteurs sont présents et mènent “des actions dans le cadre de l’enquête”, a déclaré le porte-parole, précisant que le parquet avait ouvert l’enquête “dans le courant de la semaine”.

En parallèle, les représentants du personnel au sein du conseil de surveillance de Deutsche Telekom ont décidé de porter plainte, soupçonnant avoir été la cible privilégiée de l’espionnage commandité par le groupe.

“Nous avons décidé d’entreprendre nous-mêmes des démarches juridiques”, a déclaré lors d’un point de presse Lothar Schröder, vice-président du conseil de surveillance où il représente le syndicat des services Verdi.

Conformément à la loi allemande, l’organe de contrôle de la société est composé pour moitié de représentants des salariés. Ces 10 personnes estiment qu’elles sont les plus susceptibles d’avoir fait l’objet d’espionnage par Deutsche Telekom, a indiqué M. Schröder.

L’ex-monopole a admis avoir fait surveiller les communications de membres de son conseil de surveillance et de journalistes. Selon les informations disponibles, Deutsche Telekom n’aurait pas écouté ou commandité l’écoute de conversations téléphoniques mais fait examiner des listes d’appel par des cabinets de détectives ou entreprises de sécurité, afin d’identifier les sources de fuites à la presse.

“Nous ne connaissons ni l’ampleur, ni la profondeur” de l’affaire, a souligné Michael Sommer, président de la confédération syndicale DGB, qui siège lui aussi au conseil de surveillance de Deutsche Telekom. “Nous ne savons pas si des représentants des actionnaires n’ont pas été observés aussi”, a-t-il ajouté.

Le premier actionnaire de l’ex-groupe public est toujours l’Etat, avec une part de 32% du capital. Parmi ses représentants siège au conseil de surveillance Thomas Mirow, secrétaire d’Etat aux Finances qui vient d’être nommé président de la Banque européenne de reconstruction et de développement (Berd).

Deutsche Telekom reconnaît les faits pour les années 2005 et 2006. Mais jeudi le quotidien Financial Times Deutschland rapportait que les premiers cas pourraient dater de l’an 2000.

L’identité du ou des commanditaires de ces opérations au sein du groupe est encore floue. Selon des témoins de l’époque cités par la presse allemande, les ordres seraient venus de “tout en haut”, à savoir, pour les cas remontant à 2005 et 2006, du président du conseil de surveillance de l’époque, Klaus Zumwinkel, ou de l’ex-patron Kai-Uwe Ricke, débarqué fin 2006. Ceux-ci ont démenti toute implication dans l’affaire.

Le gouvernement allemand a assuré le patron actuel René Obermann, dont le rôle soulève aussi un certain nombre d’interrogations dans la presse, de son plein soutien. Même chose pour les représentants du personnel: “il est très clair que (la direction) travaille activement” à élucider l’affaire, a affirmé M. Schröder.

 29/05/2008 15:07:20 – Â© 2008 AFP