[29/05/2008 16:08:47] PARIS (AFP) Les prix agricoles vont demeurer à des niveaux très élevés au cours de la prochaine décennie, même s’ils devraient progressivement redescendre des sommets atteints ces derniers mois, qui ont provoqué des émeutes en Afrique, dans les Caraïbes et en Asie. Riz, maïs, blé: les prix des denrées alimentaires de base ont récemment battu des records, mais “cette situation ne durera pas”, selon une étude conjointe de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et de l’Organisation des Nations unies pour l’Agriculture (FAO). La hausse “spectaculaire” des prix observée depuis 2005/2006 tient notamment à une météo peu propice dans les grandes régions de production céréalière, à des stocks mondiaux “peu abondants” ou à la vogue des biocarburants, analysent les deux organisations. Certains de ces facteurs ayant un “caractère ponctuel”, les prix sont “appelés à descendre progressivement”, même s’ils “resteront en moyenne plus élevés à moyen terme que pendant la décennie écoulée”, ajoute l’étude. Pour la période 2008-2017, les deux organisations prévoient “une augmentation de 20% environ pour la viande bovine et porcine, de quelque 30% pour le sucre brut et le sucre blanc, de 40% à 60% pour le blé, le maïs et le lait écrémé en poudre”, par rapport à la moyenne observée entre 1998 et 2007.
La hausse serait “de plus de 60% pour le beurre et les graines oléagineuses et de plus de 80% pour les huiles végétales”. Car si l’offre devrait être accrue par “l’augmentation ininterrompue des rendements”, la demande restera dynamisée par “la modification des pratiques alimentaires, l’urbanisation, l’essor économique et la croissance démographique” dans les pays en développement et la soif de biocarburants. Le changement climatique pourrait aussi “entraîner des baisses de rendement, et l’amenuisement de l’approvisionnement en eau conduit à prévoir que des régions entières seront abandonnées”. De ce fait, “les marchés céréaliers devraient rester tendus jusqu’en 2017”, selon le rapport, pour qui “la production mondiale d’éthanol va marquer des progrès rapides et atteindre quelque 125 milliards de litres en 2017, soit deux fois plus qu’en 2007”. La production mondiale de riz devrait quant à elle “faire un bond de l’ordre de 10% d’ici à la fin de la période 2008-2017. Si les prix élevés profitent à “beaucoup de producteurs agricoles dans les pays développés comme dans les pays en développement”, “bon nombre d’agriculteurs des pays en voie de développement ne sont pas reliés aux marchés et ne tireront gère d’avantages, voire aucun, de la montée actuelle des prix”. Et “pour les pauvres, en particulier dans les zones urbaines des pays en développement importateurs nets de produits alimentaires, la situation va s’aggraver”. L’envolée des prix de l’alimentation et du pétrole a plongé 100 millions de personnes dans la misère, selon la Banque mondiale. Vingt-deux pays, majoritairement africains, sont “particulièrement vulnérables” à cette flambée des prix, selon la FAO.
“Aujourd’hui environ 862 millions de personnes souffrent de la faim et de malnutrition, ce qui souligne la nécessité de réinvestir dans l’agriculture”, a renchéri jeudi le directeur général de la FAO, Jacques Diouf, en présentant le rapport à Paris. “Une action cohérente de la communauté internationale est nécessaire de toute urgence pour faire face à l’impact de la hausse des prix sur les pauvres et les affamés”, a-t-il plaidé. Pour le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurria, “la solution n’est pas le protectionnisme mais l’ouverture des marchés agricoles et la libération de la capacité productive des agriculteurs qui ont su, à plusieurs reprises déjà, répondre aux incitations du marché”. |
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