[29/05/2008 17:39:16] NEW YORK (AFP) Les actionnaires de Bear Stearns, ex-fleuron de la finance new-yorkaise qui a failli mourir dans la tourmente du “supbrime”, ont entériné jeudi dans l’amertume le rachat au rabais de la prestigieuse enseigne par JPMorgan, à l’issue d’une assemblée générale éclair. Les actionnaires étaient conviés à 14H00 GMT au siège historique de la banque d’affaires, un gratte-ciel du quartier des affaires de “Midtown”, et le verdict est tombé moins d’une demi-heure après. “Les actionnaires ont voté en faveur du rachat”, a indiqué à l’AFP Elizabeth Ventura, une porte-parole de Bear Stearns. Le rachat de Bear Stearns, imposé par la Réserve fédérale en mars et finalisé en avril, attendait cet ultime aval sur lequel ironisaient certains employés et actionnaires, massés à l’entrée du siège devant un portrait satirique de James Cayne, l’ex-PDG qui a rendu son poste en janvier. “C’était un deal déjà bouclé, quel est l’intérêt de donner son avis?”, lâchait une actionnaire qui préfèrait garder l’anonymat. Le peintre Geoffrey Raymond, auteur du portrait de M. Cayne, interpellait actionnaires et employés pour ajouter un message aux commentaires déjà disséminés sur sa toile – en vente aux enchères sur le site eBay. “Tu nous a bien roulés, Jimmy (Cayne), “Merci beaucoup pour… rien du tout”, “Je n’arrive pas à y croire”, “Je suis désolé pour ceux qui travaillaient chez Bear Stearns, c’était une belle entreprise”, pouvait-on y lire. Peu d’employés souhaitaient s’exprimer. “Pour la plupart, nous sommes effondrés”, a expliqué l’un d’eux. “Nous attendons d’ici demain les +papiers+” confirmant les licenciements. JPMorgan ne devrait garder que 45% des 14.000 emplois de Bear Stearns. La pilule est d’autant plus amère que la banque a été cédée pour moins du tiers de sa valeur et que nombreux sont ceux qui pensent que le groupe aurait pu être sauvé. Bear Stearns, rare institution de Wall Street n’avoir affiché aucune perte en 85 années d’existence – jusqu’au trou de 854 millions de dollars du 4e trimestre 2007 – a été rachetée par JPMorgan pour environ 1 milliard de dollars. Bear Stearns, l’une des cinq grandes banques d’investissements new-yorkaises, devait même initialement être rachetée pour la somme dérisoire de 200 millions de dollars. L’opération, pilotée de manière inédite par la Fed, a eu pour but d’éviter une faillite, qui aurait pu entraîner une crise de confiance majeure sur un échiquier financier international déjà sérieusement ébranlé. Au moment du rachat, Bear Stearns était asphyxié par une exposition de 33 milliards de dollars sur les titres adossés à des créances “subprime”, et faisait face à une crise de trésorerie après que plusieurs clients eurent retiré leur argent. Le prix initial proposé – 200 millions de dollars, à comparer avec une capitalisation boursière de près de 3,5 milliards – était tellement modeste qu’il avait suscité l’ire de plusieurs grands actionnaires. Le vote des actionnaires s’est tenu alors qu’une enquête sur de possibles manipulations du cours juste avant le rachat ternit un peu plus cette affaire. Le régulateur boursier SEC, dans le cadre d’une enquête sur les raisons de la déroute de la banque, se penche sur des liquidations massives de titres Bear Stearns qu’ont effectués plusieurs acteurs de la finance en mars, dont la banque Goldman Sachs et les fonds Citadel et Paulson, selon la presse. Les enquêteurs cherchent à déterminer si ces ventes ressortent du délit d’initiés, voire s’ils ont précipité l’implosion de Bear Stearns. Le groupe était destabilisé depuis des mois par l’indécision de ses dirigeants sur les décisions à prendre face à la crise du “subprime”, malgré des signaux d’alarme répétés de traders confirmés, selon la presse américaine. |
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